Mon cher Victor,
Tu vois cet avion en photo ? Eh bien, c'est moi.
Je viens de m'écraser lamentablement sur le plancher des vaches. Je planais haut, très haut dans le ciel : j'ai volé tout l'après-midi d'hier, au milieu de mes petits nuages tout roses et de petits angelots qui me faisaient coucou avec un sourire bienveillant. J'étais bien, bien, bien... Et puis, dans la soirée, tout s'est écroulé, tout. C'est encore ce garçon ?
Bien sûr que c'est encore lui. La dernière fois que nous en avions parlé tous les deux, Johan et moi étions en phase d'"approche", et j'étais, dans ma naïveté légendaire, pleine d'espoir quant à une possible réconciliation. Cet espoir s'est concrétisé hier après-midi, à mon plus grand bonheur... Entre parenthèses, quelle cloche, mais enfin bon...
Que s'est-il passé ? Rien que du très classique. Il m'a dit qu'il m'aimait. Que ça valait encore la peine de continuer. Qu'il allait faire des efforts. Changer même... Et moi je l'ai cru. Il faut croire que ce fameux dimanche ne m'avait pas servi de leçon... Quel dimanche ? Tu ne t'en souviens pas, Victor ? Relis donc l'article Pourquoi les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus ! Ah oui, c'est vrai... Donc, il t'a fait le même coup ? Dans les grandes lignes, oui. La seule différence, c'est que la déception a été différée. Là, il m'a fallu un après-midi entier pour comprendre ma douleur. Il est parti au foot. Il devait revenir vers 17h. Je l'ai attendu. Allumé des bougies dans ma chambre pour que nos retrouvailles soient dignes de ce nom. J'avais imaginé un scénario des plus agréables : musique romantique, roucoulades à n'en plus finir...
Et j'ai attendu, attendu... Jusqu'à 18h15. J'avais éteint les bougies évidemment. Il était parti chez son meilleur ami et n'avait "pas pensé à me prévenir". Drôle de situation... Quand on aime quelqu'un et qu'on est au bord de la rupture, la moindre des délicatesses est encore de ne pas commettre d'impairs... Et là, en l'occurrence, il n'a "pas pensé" que je l'attendrais peut être tout l'après-midi, avec en tête des projets merveilleux. Ambiance tendue, donc, quand il est rentré. Moi, idiote que je suis, je songe : "c'est normal, Mirabelle, c'est normal... Attends un petit peu. Cela ne va pas s'arranger par un coup de baguette magique ! Laissez-vous du temps."
Du temps, justement, il ne nous en a pas laissé. Il est revenu sur ses "déclarations". A remis en question tout ce qu'il m'avait promis en début d'après-midi. M'a dit qu'"il n'y croyait plus". A repoussé mes baisers. A été indifférent à mes larmes. Et il est parti, en précisant bien, au cas où je n'aurais pas compris, qu'"il ne m'appelerait plus".
C'est là que je me suis écrasée. A une vitesse foudroyante. Sans espoir de survie...