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Cher lecteur,

Exceptionnellement, nous nous adresserons à toi directement : ce site n'est en aucun cas une biographie de Victor Hugo. Alors si tu pensais trouver ici la vie de notre Totor national en long, en large, et en travers, passe ton chemin !

 

Pour bien comprendre les propos de nos deux protagonistes :

1° Des caractères gras de couleur bleue quand Victor s'adresse à Mirabelle

2° Une police des plus classiques quand Mirabelle s'adresse à Victor

 

Sur ce, bonne lecture !

 

Un Mot Au Vol ?

Papotage ArchivÉ

Opinion


Et si vous nous faisiez part de votre opinion ?

Victor mène l'enquête.

Parce que Mirabelle se le demande !




personnes ont écouté la conversation entre Mirabelle et Victor depuis leur rencontre.


Aujourd'hui, à :

il y a personne(s) qui papote(nt) avec Mirabelle et Victor.


La requête de Victor :

  • Parce que Mirabelle et moi-même aimons beaucoup de gens... Allez donc jeter un coup d'oeil à notre tour de tables !
 

Nos recommandations :

  • Un clic et vous y êtes... Si vous souhaitez quelques conseils pour guider votre lecture, bien entendu !



Lexique IUFMesque à l'usage des non-initiés :

  • Mirabelle, dans son infinie bonté, a daigné me proposer (ainsi qu'à toi, ô lecteur non affilié à l'Education Nationale !) un lexique de rattrapage, sensé me donner les repères indispensables à la compréhension de deux rubriques.


4 avril 2007 3 04 /04 /avril /2007 04:08
La maman de Germain m'a ramenée plus tôt à la maison. Elle a dit que c'était Papa qui voulait, qu'il avait téléphoné. Moi, je ne voulais pas, on s'amusait bien avec Germain, on jouait au foot dans son jardin. Mais il a fallu que je rentre, la maman de Germain a insisté et elle avait une drôle de tête.
La maman de Germain m'a accompagnée dans le salon, en me serrant fort la main. Puis elle a serré celle de Papa et elle lui a dit tout un tas de choses à l'oreille, en m'écartant d'elle. Elle faisait une drôle de tête, la maman de Germain. Papa arrêtait pas de la remercier, de s'excuser. Il avait les yeux tout rouges, comme quand il a épluché des oignons pour faire la tartiflette. La maman de Germain est partie. Elle m'a fait un gros bisou et m'a appelée "ma pauvre chérie".
Papa m'a laissée comme ça. Il ne m'a même pas fait de bisou et il ne m'a pas répondu quand j'ai demandé si on pouvait faire du vélo au bois. Il est monté en disant qu'il "allait voir Maman et qu'il fallait qu'ils me parlent tous les deux quand Maman serait sortie.". J'ai voulu aller faire un câlin à Maman mais Papa n'a pas voulu. Il m'a dit de rester en bas. Alors j'ai été jouer, j'ai pris le hochet de Auguste même si j'ai pas le droit, parce que moi, normalement, je ne suis plus un bébé. De toute façon, Papa est en haut avec Maman. Et Auguste est chez la nounou, il n'y avait pas son transat dans l'entrée.
J'ai pris le hochet de Auguste et mon Action Man. On aurait dit que le hochet d'Auguste, c'était le vaisseau de Action Man. Là-haut, j'entends Papa... "Chérie, ouvre, s'il te plaît...". J'entends comme si on cognait à la porte. Et puis Papa qui s'énerve. J'ai un petit peu peur. Papa ne s'énerve jamais sur Maman, d'habitude. Alors je suis montée. Il y avait Papa contre la porte. Il pleurait. Je n'avais jamais vu Papa pleurer. Il s'essuyait sur son pull rouge, celui que Maman aime bien. Il y a une grosse tache dessus. Auguste a vomi dessus ce matin. Maman ne l'a pas disputé. Auguste ne se fait jamais disputer. C'est parce que c'est un bébé et qu'il ne comprend pas. C'est ce que dit Papa.
" Redescends Claire...", me dit Papa.
- Qu'est-ce qu'elle fait, Maman ?
- Redescends, je te dis.
- On peut aller faire du vélo au bois ?
- Tu vas redescendre, oui ou non ? Merde à la fin !
J'ai sursauté. Papa m'a dit pardon et m'a pris dans ses bras. Il a dit que "Papa disait n'importe quoi". Il m'a serrée très fort, en pleurant. J'ai rien compris. Il m'a dit d'aller dans ma chambre. Mais je suis restée. Il cognait contre la porte, maintenant, en hurlant qu'il fallait que Maman sorte. Que ça n'allait rien changer. J'ai entendu Maman pleurer aussi dans la chambre. Alors je me suis mise à pleurer aussi.
"Anne, ta fille pleure..." a dit Papa, "Il faut que tu sortes... S'il te plaît... Ca ne changera rien... S'il te plaît... J'ai besoin de toi... Ne te renferme pas... Pense à ta fille..."
Alors Maman a fini par sortir. Elle était toute bouffie. Les yeux tout rouges, encore pire que quand on a épluché les oignons. Elle avait le hoquet, comme Auguste après le biberon. Elle m'a pris dans ses bras et m'a serrée. Mais ça me faisait mal alors je lui ai dit d'arrêter, mais elle a continué. Elle a dit pardon, qu'elle m'aimait, et elle m'a dit de descendre ma chérie, qu'elle allait faire des crêpes pour mon goûter. Moi j'adore les crêpes, alors je suis descendue tout de suite.
Papa est descendu aussi et il a appelé Mamie. Il a encore pleuré. J'ai voulu parler à Mamie et lui dire que j'allais manger des crêpes mais il n'était pas d'accord. Il a dit que je verrais Mamie dans quelques jours. De pas m'inquiéter. Maman faisait les crêpes. Elle avait mis la musique, "pour faire plus gai". Moi je dansais, j'aime bien, mais Maman elle avait l'air encore triste. Je ne sais pas pourquoi.
On a fait sauter les crêpes. J'en ai raté une et Maman s'est fâchée très fort, mais elle s'est excusée tout de suite, en disant que c'était pas de ma faute. Maman a mis trois assiettes et on a mangé les crêpes. Il y avait du Nutella. J'ai eu le droit de prendre autant de crêpes que je voulais, et Maman n'a pas fait d'histoires quand j'ai voulu lécher la cuillère. J'avais plein de chocolat autour de la bouche, ça m'a fait rire, et Maman m'a appelée son "petit chat". J'ai rigolé. Et puis j'ai demandé :
"Où est-ce qu'il est Auguste ?"
Maman s'est mise à pleurer. Elle est montée dans sa chambre en courant. Et Papa m'a pris sur ses genoux en disant qu'il fallait qu'il me parle. Que j'étais grande et que je pouvais comprendre que parfois, la vie nous fait du mal.



Merci à Plum', dont le texte m'a inspirée.

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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 19:25
Mon cher Victor,

Mirabelle ! J'ai décidé qu'aujourd'hui nous causerions culture ! Ah... Euh... Je m'apprêtais à évoquer tout autre chose... Non ! Notre discussion d'aujourd'hui portera sur la culture ! Sinon, je m'en vais ! Tu m'entends, Mirabelle ? Je paye mon café et je te plante ici ! Bon, bon... Dis donc, tu m'as l'air bien remonté aujourd'hui... Parlons culture alors... Euh... Allez, allez, j'attends ! Ah ! Ca y est !

Il y a un peu plus d'une semaine, j'ai assité au concert de quelqu'un que j'admire beaucoup. Euh... Zazie ? Francis Cabrel ? Jacques Brel ? Jacques Brel est mort, Victor ! Ah euh... Quant à Zazie, j'irai effectivement l'applaudir mais pas avant le mois d'octobre ! Et rien de prévu pour mon Francis.  Bref. En fait, c'était le concert de Grand Corps Malade. Quel drôle de nom pour un artiste... Ca ne doit pas beaucoup attirer le mécénat ! Détrompe toi, Victor, ça marche très fort, pour lui !

Ce concert était merveilleux. Enfin, merveilleux... Ce n'est peut être pas le mot. Il était grave. Léger. Tendre. Profond. Rien que ça ? Oui. Je t'assure. Son album, "Midi 20" (allez, pour te convertir, Victor, voici en lien des extraits de cette perle rare...), est un bijou. Du slam, certes mais pas d'agressivité, pas de revanche sur la vie, pas de violence verbale. Du slam ? Slam signifie "claquer". Le slam, ce sont des textes sensés être dits a cappella. Je dis "sensés" car ceux de Grand Corps Malade sont mis en musique. Alors ce n'est pas du slam ! Si. Ben non ! Tu viens de dire le contraire, Mirabelle ! Mais si, c'est du slam ! La preuve : au concert, il a mélangé textes a cappella et textes mis en musique !

Ce n'était pas pour débattre la nature du slam que j'évoque Grand Corps Malade. Ce que j'aime, chez lui, c'est que son slam est positif. Même si on ne peut qu'émettre un parrallèle (léger) avec le rap, on ne peut nier, ceci dit, que Grand Corps Malade, c'est de l'optimisme à revendre. A l'origine, GCM, c'est Fabien. Il est handicapé. Des suites d'un accident. Il se destinait, visiblement, à une carrière de sportif, et il a dû tout arrêter. On lui avait dit qu'il ne remarcherait jamais (il le dit dans une de ses chansons) et il s'est battu. Il en parle plus ou moins, en toile de fond, dans ses chansons. Plus moins que plus d'ailleurs (tu me suis toujours, Victor ?), car Grand Corps Malade (et c'est ce qui me touche chez lui), ce n'est à aucun moment la sensiblerie. Il aurait pu, par exemple, faire de ses chansons une sorte de plainte en rapport avec sa condition de handicapé. Il aurait pu insister sur sa douleur et jouer sur la corde sensible, quitte à fabriquer des chansons à faire pleurer Margot. Or, pas du tout.

Grand Corps Malade, c'est l'espoir.
C'est un regard plein d'envie et de vie sur la vie, un regard qui me donne la pêche, autant qu'il me bouleverse. Parce qu'il a les mots pour le dire. Et un timbre chaud, unique, qui va droit au coeur. Humm... Il me semble que ce n'est pas la seule chose qui te plaise chez ce jeune homme. Eh bien ? Pourquoi rougis-tu, Mirabelle ? Oui, bon, d'accord, c'est vrai, je trouve qu'il est très joli garçon. Ah ben quand même ! Tu craches le morceau ! Mais bon, faut pas exagérer, quand même, je ne suis pas focalisée là dessus non plus ! Non ! Ce qui compte, à mes yeux, ce sont ses textes. La justesse de ses mots. Les valeurs qu'il véhicule.

J'attendais ce concert avec impatience. Parce que j'aime toutes les chansons de son album (elles me "parlent") et que j'étais curieuse de l'entendre, en "vrai", comme on dit. Je n'ai pas été déçue. Parce que c'est un gars tout simple, qui ne se force pas. Qui n'a pas honte de traverser la scène d'une démarche déformée, tordue. Parce qu'il est courageux et qu'il aime la vie. Parce qu'il me fait rire (oh, la chanson "J'aime pas les gens" !) et qu'il me fait pleurer (et pas forcément de tristesse), parce qu'il est drôle même sur des sujets graves, parce que je voudrais faire écouter la chanson "Vu de ma fenêtre" à Nicolas Sarkozy, comme ça, pour voir...

Bon, bien sûr, j'ai été en larmes les 3/4 du concert. Que veux-tu, on ne se refait pas... A la fin de cette heure et demie (où il ne s'est pas assis une seule fois, je tiens à le signaler), alors que se dégageait de cet artiste et de ces musiciens (excellents, au passage) un formidable élan d'amitié (genre "on ne se prend pas la tête, on fait de la musique entre potes"), je n'avais qu'une envie : rester là, encore, à l'écouter "parler", à me laisser emporter dans le flot d'humanité qu'il réussit à transmettre, par cette envie d'y croire encore qu'il m'insuffle avec une puissance que tu n'imagines pas. J'ai applaudi à tout rompre. Crié des "Merciiii" qu'il n'a, bien sûr, pas entendu...

Il portait pour ce concert un tee shirt "Ca peut chémar".
Le titre d'une de ses chansons.
Ca résume tout l'espoir qui m'animait en sortant de ce concert. Je n'étais plus qu'un moulin à paroles, avec plein d'étoiles dans les yeux. Bon. Quand je suis rentrée dans ma petite maison à moi, il était environ 23h. Mon Mystérieux Inconnu, lui, bien au chaud dans son petit cocon et ignorant tout des instants magiques que je venais de vivre, était nettement moins bavard que moi, pressé de rencontrer le marchand de sable. Allongée à côté de lui, je me suis endormie peu à peu, encore frémissante sous l'effervescence de ce concert. J'entendais encore résonner dans ma tête des applaudissements et la voix de Grand Corps Malade : "Bon, ben, merci, on a vraiment passé une belle soirée avec vous...". Alors que le sommeil m'aggrippait, il me semblait entendre le son caoutchouteux de la béquille de GCM sur la scène. Et le voir s'éloigner dans la lumière. Comme un espoir...
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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 17:47
Mon cher Victor,

Tout à l'heure, quand je suis rentrée d'une petite virée en centre-ville (à Rouen, car je suis chez mon Mystérieux Inconnu toute cette semaine, je le rappelle pour les étourdis...) et que j'ai désiré prendre un bain histoire de profiter de la baignoire (je n'ai qu'une douche dans ma maison à moi), mon regard s'est nonchalemment posé sur le porte-manteau de la salle de bain. A ce porte-manteau, mon pyjama Snoopy (ne fais pas ces yeux, Victor, s'il te plaît... Ah, tu ne connais pas Snoopy ?) et, accroché par dessus, la tenue de nuit de mon Mystérieux Inconnu. Ca m'a fait fondre le coeur.
Ne dis rien, Victor, s'il te plaît...
Si, ça me brûle la langue ! Tu es vraiment trop sentimentale, Mirabelle...
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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 13:18
Mon cher Victor,

T'es comme ta mère, me dit-on. Tantôt, on me le dit avec un sourire attendri. Tantôt, on me le dit en fronçant les sourcils, et avec un ton quasiment désespéré.
Cet après-midi, quand il m'a dit "T'es pareille que ta mère, de toute façon...", j'ai bien vu que ce n'était pas un compliment.
Telle mère telle fille. C'est ce qu'on dit. Ma mère est une grande angoissée. Une grande impulsive. Je suis une grande angoissée et une grande impulsive. Ma mère sort de ses gonds et balance ses chaussures dans l'entrée, sous les yeux médusés de son presque-gendre et je sais que j'aurais pu faire la même chose. "T'es pareille que ta mère, de toute façon...". Ca me fait penser aux bandes dessinées de Claire Brétécher. Les scènes de ménage entre conjoints. On comprend, à demi-mots, que l'homme ne supporte pas sa belle-maman. Et puis c'est devenu de plus en plus à la mode, de ne pas supporter sa belle-maman... Genre "Un gars une fille". Loulou qui critique la belle-mère et Chouchou qui lance des flammes : "Touche pas à ma mère !". Ca fait marrer la galerie, ça. Sauf que c'est moins drôle quand ça vous arrive à vous...
T'es pareille que ta mère, de toute façon... Est-on prisonnier de sa famille ? C'est une question que je me pose assez régulièrement. Si je suis telle que je suis aujourd'hui, c'est sans doute le fruit de mon éducation, le fruit de deux caractères, celui de mon père et de ma mère (logique...) qui m'ont plus ou moins influencée. Et de manière plus ou moins égalitaire... Ma mère est littéraire, je le suis aussi. Ma mère n'est pas sportive, je ne le suis pas non plus. Ma mère s'énerve pour rien, c'est mon cas aussi. Tirez en les conclusions que vous voulez...
T'es pareille que ta mère, de toute façon... Ma mère est généreuse. Battante. Entêtée. Idéaliste. Ma mère, quand elle aime, elle aime pour de vrai, et elle s'accroche. Ma mère, c'est une passionnée, une gourmande, une maladroite au grand coeur. Alors bon. Elle balance peut être ses chaussures dans le salon, gueule tout ce qu'elle peut, et ce sous le regard novice de son presque-gendre.
Mais bon. On a la mère qu'on a. On a la famille qu'on a. On ne choisit pas. Alors, vogue la galère... Et laissons pisser. Tu parles d'une conclusion !


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30 mars 2007 5 30 /03 /mars /2007 17:12
La tête lui tournait. Trop de vin blanc. Are you ready to jump ? Alors elle sautait. Les cheveux collés sur le front. L'effet de la sueur. It's time to make my way / I'm not afraid of what I'll face / But I'm afraid to stay. Cette chanson avait été écrite pour elle... Elle se déhanchait sur ce rythme électro. L'alcool. Tout était plus facile. Les regards des hommes sur elle. Des regards de désir. L'alcool lui tournait la tête. Qu'importe. Elle se sentait plus femme. Plus sensuelle. Comme si elle dansait dans le clip de Madonna...
Patience, lui avait-il dit. Cinq ans qu'elle patientait. Cinq ans. Cinq ans. Are you ready to jump / Get ready to jump. Cinq ans qu'elle l'aimait et qu'elle attendait. Cinq ans qu'elle espérait tous les mois. Et si elle oubliait sa pilule ?
Lifes gonna drop you down like the leaves from a tree / It sways and it swings and it does it til it makes you see. Ils se marieraient. Elle aurait alors un ventre bien rond. Are you ready to jump / Get ready to jump. Mais... Patience, lui avait-il dit. Patience...
Un homme se rapprocha d'elle. Elle ne le repoussa pas. Comme ça. Pour voir. Parce que l'alcool la rendait moins farouche. Et puis... Dans les yeux de cet inconnu, elle était une femme. Une femme. Il ne la connaissait pas. Il ne savait rien de son bedon de post-adolescente, ni de ses vergetures. Il ne savait rien de ses petites manies, ni de ses cheveux en bataille au réveil. Tout ce qu'il voyait, lui, c'était une blonde habillée un peu court, au déhanché sensuel, presque animal. Et alcoolisée...
Don't ever look back / Oh baby
. Alors que pour lui... Elle n'était plus une femme. Juste... Sa petite amie. Une sorte de meuble. Qu'on n'admire plus tant il fait partie du décor. Elle avait tant de fois tenté de lui parler... "Tu me trouves jolie ?", lui disait-elle. "Tu m'aimes ?", "Tu veux que je mette quelles chaussures pour ce soir ?", "Je sors avec ou sans maquillage ?". Toujours, des "Comme tu veux.". "Ca m'est égal". Et l'envie de lui hurler, en pleine face : "Mais je veux te plaire à toi, alors donne moi ton avis !". Le sentiment d'être un vieux couple. Avant l'heure. Avant même d'avoir vécu.
L'inconnu lui souriait. Oh, elle les connaissait ces sourires. Le sourire du "début". Le genre de sourire dont elle avait besoin. Un sourire qui signifiait : "Tu es une jolie femme, tu me plais.". Si seulement il pouvait le lui dire, de temps en temps, rien que pour lui montrer qu'au delà de sa petite amie il voyait la femme... Celle qui lui avait plu, il y a de cela cinq ans, et qui continuait à lui plaire... Parce qu'au fond, cet inconnu, elle s'en balançait, vraiment. C'était juste son... Son regard, qui l'intéressait. Parce qu'il lui montrait qu'elle était vivante, encore, toujours. Qu'elle était jolie, encore, toujours. Qu'elle pouvait s'aimer. Elle-même. Enfin.
I can make it alone...
I can make it alone...
I can make it alone...
I can make it alone...

La tête lui tournait de moins en moins. Et l'inconnu l'agaçait. Envie de lui dire : "Je suis prise ! Va draguer ailleurs !". Patience, lui disait-il. Patience... Elle l'aimait, encore, toujours. C'était plus fort qu'elle. Mais plus fort encore, plus puissant, le désir de vivre, de construire. De s'engager. Patience, lui disait-il. Cinq ans qu'elle patientait. Pourrait-elle patienter encore ?
Yes I'm ready to jump
Just take my hand
Get ready to jump !

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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 21:35
Mon cher Victor,

Si par hasard (et j'en connais quelques uns...), des PE1 passaient par là, j'ai un petit avertissement à leur transmettre ! A propos de ce drôle de spécimen qu'est le PE2. Et pourquoi donc ? Parce que j'ai remarqué quelques travers chez mes congénères que j'aimerais ne pas détecter chez mes futurs collègues ! Allons bon... Si c'est pour encore critiquer ta classe... Heureusement que je suis aussi mauvaise langue que toi !

Les PE2 ont le concours. Tu ne nous apprends rien ! Soit. Ils ont le concours, donc, mais pas grand chose de plus qu'un PE1. Siii ! Ils ont un salaire ! Ce n'est pas négligeable, ça quand même ! Soit aussi. Mais je pensais surtout à ce qui se passe dans LA CABOCHE. Si c'est psychologique, je te laisse parler ! Tu m'en vois ravie...

L'année dernière, quand je n'étais encore qu'une petite PE1, je vénérais les PE2. Oh oui ! Tu martelais ton admiration à chacune de ces conversations ! Ben oui. A cause du Grand Méchant Concours. Bref. En plus de cela, je ne connaissais aucun PE2 en chair et en os. A mes yeux, les PE2, c'était les têêêtes, ceux qui réussissent, avec leur cartable en cuir, leur petite veste à épaulettes et leurs discussions passionnées sur la pédagogie différenciée. Sauf que cette année... Tu vas me dire que la PE2, ce n'est pas du tout ça ! Non. Vraiment. Ce n'est pas du tout ça.

Il me semble que, même si elle a évolué, la Mirabelle d'aujourd'hui, admise au concours, n'est pas sensiblement différente de celle-là. Où veux-tu en venir ? Je GALERE en PE2. Je suis juste un tout petit peu plus expérimentée qu'un PE1, avec le concours en plus. J'en chie des bulles. Oooooh ! Mirabelle ! Non, mais c'est vrai, Victor, il faut appeler un chat un chat ! Mes fiches de prep se font dans la douleur, ainsi que le mémoire. (D'ailleurs, n'en parlons même pas, de celui-là...). Ce que je veux dire, c'est que j'ai tout à apprendre et que ce n'est pas parce que j'ai le concours que je connais tout du métier. Eh bien, c'est parfait ! Alors où est cet avertissement ? Il arrive, il arrive.

Je disais récemment que je n'aimais pas ma classe. Parce que j'adorais mes PE1E, c'est vrai, mais aussi parce que ce qui se dégage de ma PE2C ne me plaît pas du tout. Détaille, détaille... Quand je suis revenue d'Angleterre, je les ai tous observés. Avec distance. Parce que mon expérience était différente de la leur. Et ce que j'ai vu, en majorité (il y a des exceptions, c'est comme pour tout...) ce sont des gens qui "pètent plus haut que leurs culs" (ne fais pas cette tête, Victor, j'ai mis les guillemets, ça veut bien dire ce que ça veut dire...) et se prennent pour des SuperPEs. Des gens qui ont raison sur tout et accumulent les "Moi, je, personnellement, je pense". Des gens qui, parce qu'ils ont le concours et fait quelques séances dans une classe, se considèrent invicibles et supérieurs. Des gens qui parlent par dessus tout le monde. Des gens sans humilité. Des gens qui "s'y croient".

J'aime mon métier, Victor. J'en ai même une haute opinion.
Mais j'ai une vie, à côté. Je ne suis pas QUE PE2. Sur l'heure du midi, par exemple, j'aime parler d'autre chose que de fiches de prep'. Avec ces gens là, c'est impossible. J'aime déconner et faire des blagues débiles, parce qu'avant d'être instit' (modeste stagiaire) je suis une personne, je n'ai que 23 ans, à peine sortie de l'adolescence (quoi que parfois, je me demande si je n'y suis pas encore...). Avec ces gens là, rire à gorge déployée d'une plaisanterie un peu grivoise n'est pas possible. Parce que quand on est PE2, on ne rigole plus. J'essaie de ne pas m'enfermer dans un carcan, dans un stéréotype. Je veux bien faire. Mais je ne veux pas devenir intolérante et supérieure. Et selon toi, certains PE2 le sont ? Oh oui ! Alors c'est là l'avertissement ? Oui.

PE1 actuels, futurs PE2, le concours ne fera pas de vous des instit'. Le chemin est encore long, très long. J'ai beau être fière d'avoir le concours (et il n'y a pas un seul jour sans que je m'en réjouisse), je me considère comme EXTREMEMENT novice, parce que de toute façon, c'est la réalité. Il ne sert à rien de brûler les étapes. Laisser vous le temps de mûrir avant de vouloir jouer aux SuperPEs. Restez humbles. Regardez derrière vous, dites vous "Bon sang, je l'ai fait, je l'ai eu le concours !". Mais souvenez-vous aussi, quand vous suerez sang et eau pendant vos stages, que vous n'êtes rien de plus qu'un PE2, qu'un DEBUTANT. Il y aura toujours des IMF pour vous le rappeler, et c'est très bien ainsi. En résumé, qu'ils se souviennent d'où ils viennent et où ils vont ! Voilà. Parce qu'à mes yeux, être instit', être enseignant en général, contrairement à ce que de nombreuses personnes pensent, ce n'est pas avoir un égo surdimensionné. Ce n'est pas tout savoir. Ce n'est pas s'imposer et taper du poing sur la table. C'est apprendre l'humilité. La modestie. La simplicité. Et faire son chemin, sereinement. Sans se prendre pour Dieu le Père...
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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 21:06
Mon cher Victor,

Tu te souviens de cet article ? Oui, bien sûr ! Je l'avais trouvé très touchant ! Alors dans la série "Nos plus belles années", je t'annonce que tous les PE1E se retrouvent vendredi soir au restaurant ! Et tout ça m'amène à une constatation un peu tristounette : je n'ai toujours pas fait le deuil de cette classe... Tu n'es pas bien dans ta classe actuelle ? Attends que je t'explique...

Avant de prendre cet avion qui m'emportait en Angleterre, j'étais comme en transit. Comme si je ne faisais pas partie de la classe : pas de poste pour le SRF, pas les mêmes préoccupations que les autres PE2, moi qui croulais sous les exigences des préparatifs. Et puis surtout... Surtout ? J'avais encore dans la tête cette merveilleuse classe. Cette classe dont je n'a pas encore fait le deuil, je m'en rends compte.

Depuis que je suis revenue d'Angleterre, et ce après ma phase de déconnection, je n'ai pas réussi à m'attacher. Non. Et j'ai même fait pire. Je ressens pire : je n'aime pas ma classe. Il n'y a rien à faire. A part quelques uns que j'adore (et qui, comme par hasard, sont d'anciens PE1E...), je n'ai d'atomes crochus avec personne. Et je vais même te dire, Victor... Dis moi, dis moi... Ils m'agacent ! Je ne les supporte pas. J'ai envie de les baffer. Oooooh ! As-tu fait l'effort de les connaître au moins ? Pfff... Pas vraiment, je l'avoue. J'ai essayé... Parfois ! Mais la PE1E reste désespérée accrochée à mon esprit, comme un vieux souvenir auquel on tient encore et qui prend toute la place.

Vendredi soir, donc, nous irons au restaurant. J'en suis heureuse à un point que tu n'imagines pas. Retrouver les rires et les visages. Remercier ceux qui viendront, malgré leur échec au concours. Je suis impatiente, comme une gamine attend une fête. Je sais que ma tête tournera. Bouffées de nostalgie. Ce repas me rappelera combien j'ai été heureuse, en PE1E. Combien j'ai aimé cette année de préparation au concours. Combien nous nous sommes serrés les coudes, jusqu'au bout. Jusqu'à l'ultime bonheur. Ou jusqu'à l'ultime déception.

Nous formons un petit cercle. Le cercle des PE1E disparus, que nous vénérons tous, encore. Implicitement. Comme "la Belle Epoque". Alors oui, je l'avoue : je n'aime pas la PE2 C. Je n'aime pas ces stagiaires. Je n'ai pas envie de les connaître. Je leur en veux. Je leur en veux d'avoir pris la place de mes PE1E. C'est bête, hein ? J'osais à peine te le suggérer... Oh, je sais que c'est bête. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Tu es une sentimentale, toi, hein ? Oh que oui ! Et ça me perdra, je l'ai toujours dit...

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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 19:45
Mon cher Victor,

Slow langoureux avec mon Mystérieux Inconnu samedi soir, lui qui n'aime pas danser.
Take my breath away...
Son souffle mêlé au mien.
Mes paupières closes.
Mes bras autour de son cou tout doux.
Etre heureuse et seule au monde.
L'impression de s'aimer comme au premier jour.
Lui qui me faisait tourner dans ses bras.
Moi qui riais.
La magie.
La séduction.
Les amoureux sont seuls au monde...
Oui... Et tant pis si ça fait guimauve, tout ce que je viens de te dire ! J'assume !
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25 mars 2007 7 25 /03 /mars /2007 01:05
Mon cher Victor,

Alors ? T'es-tu remise de ton SR2 ? Tu te sens moins cafardeuse ? Ca va mieux oui, et aujourd'hui, j'ai décidé que j'allais te faire part des anecdotes adorables que j'ai retirées de ce stage. Je t'avais déjà raconté le succès que j'ai obtenu auprès de Thomas, qui me trouvait, visiblement, tout à fait à son goût. Oui ! C'était à croquer ! Dans le même genre, j'ai eu droit à un honneur collectif. Ahhh !

C'était sur le temps de regroupement. J'étais assise sur le banc (seule la maîtresse a le droit de s'asseoir sur le banc, ça ne plaisante pas !)  et les enfants tout autour de moi, sur le tapis trop petit pour leurs trente-deux jambes. Je tentais d'expliquer la germination de la graine quand j'entendis des chuchotements à ma droite. Comme je n'aime pas les messes basses (je suis une maîtresse sévère, hein ?), je demandai illico presto à Clarisse et Charlotte ce qu'elles trouvaient à raconter de si intéressant, précisant que si-c'est-si-intéressant-que-ça-il-faut-en-faire-profiter-la-classe. Surtout que j'avais entendu murmurer mon prénom. A Charlotte de dire, sans se démonter :

- Je disais juste à Clarisse que je trouve que tes boucles d'oreille sont très jolies.

Comment sont-elles, ces boucles d'oreilles ? Ce n'est pas compliqué : ce sont justement celles dont je parlais dans cet article ! Elles en ont du succès ! Tu peux le dire ! J'ai donc remercié à grands renforts de sourires, ce qui ne manque jamais de plaire aux élèves, qui, en général, en remettent une couche. Charlotte, toujours :

- Tu es belle, Mirabelle !
- Merci Charlotte, tu es mignonne !

A Pauline d'ajouter :

- Oui, tu es belle, Mirabelle !

Dans ces cas-là,c'est l'effet boule de neige. Les compliments fusent, de la part de TOUS les élèves. Morceaux choisis :

- Mirabelle, tu es belle comme une princesse !
- Mirabelle, tu es belle comme un soleil !
- Mirabelle, tu es belle comme une paquerette !
- Pfff... N'importe quoi ! Faut dire "belle comme une rose", c'est pas beau les paquerettes !
- Mirabelle, tu es belle comme une maman !
- Eh, maîtresse, Sylvain il a dit que t'étais belle comme une maman !
- Naaaaan, j'ai pas dit ça ! C'est même pas vrai !!!
- Si, mens pas !
- Mirabelle, tu es la plus belle des maîtresse !

Moi, qui me sens rougir, le sourire jusqu'aux oreilles :

"Bon allez, allez, on se concentre ! Arrêtez vos flatteries !"

Eclat de rire général, évidemment. Et évidemment aussi, la question que j'attendais :

" Maîtresse, ça veut dire quoi "flatteries" ?"

Pour un peu, les gamins me feraient me sentir bien dans ma peau...
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24 mars 2007 6 24 /03 /mars /2007 13:39
Mon cher Victor,

Nous sommes le samedi 24 Mars et mon stage en responsabilité vient de se terminer.
Es-tu validée ? Oui. Eh bien ! Quelle effusion de joie ! Je m'attendais à de l'hystérie et à des larmes ! J'ai été validée jeudi. Aujourd'hui samedi, mon identité de maîtresse est en berne. Tu es triste d'avoir quitté tes petiots ? Cela me rappelle ce stage. Le vague à l'âme en sortant de la classe. Je ne les reverrai plus... J'ai distribué des bisous à la sortie, serré des menottes dans mes mains. Accepté des dessins et des petites fleurs cueillies à la récréation.

- On ne te reverra plus jamais ?
- Malheureusement non.
- C'est vrai ?
- Oui.
- Vraiment plus jamais ?
- Eh non...
- C'est dommaze que tu restes pas tous les jours... Moi, ze t'aimais bien comme maîtresse.

Benjamin m'offre un cadeau. Une petite poule venant tout droit d'un chocolatier très connu. Benjamin ne vient jamais le samedi. "C'était pour te dire au revoir", me dit-il. Je suis émue en découvrant son présent, mais encore plus, c'est vrai, face à cette confidence. Je ne m'y attendais pas du tout. A la sortie, les élèves se battent pour me tenir la main. 

Puis il n'y a plus personne. Plus d'élèves. Plus de petites bouilles coquines prêtes à faire les quatre cents coups. La classe est vide. Je récupère mes affaires. Laisse la clé de la classe sur le bureau. J'ai fait du rangement. Je soupire. Cette classe était un peu la mienne. J'éteins la lumière. Je ferme la porte. Je traverse le couloir. Et déjà, je suis dehors.

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