Mon cher Victor,
Il y a des jours où je me dis que la vie nous a fait un sacré cadeau en permettant l'amitié avec nos semblables. Vraiment... Il y a des jours où cela m'éblouit ! A ce point-là ? Tu es touchée par la grâce divine, c'est cela ? Pff... Ne raconte pas n'importe quoi. La grâce divine n'a rien à voir là-dedans, et tu le sais très bien. La magie, le charme sont les seuls responsables dans cette affaire. Rien de mieux que de retrouver, le temps d'une soirée, de vieilles copines de collège... J'imagine que c'est de cette soirée dont tu vas me parler aujourd'hui ? Tu imagines tout à fait bien !
Quand je suis avec elles(ce qui s'avère extrêmement rare), je balance entre gaminerie et maturité. Mélange très particulier... Les revoir me propulse des années en arrière. Je me revois en sixième avec mon cartable Tintin et ma grosse doudoune rouge. Quelle dégaine j'avais à l'époque, quand j'y pense ! Eh bien, n'y pense pas, voilà tout ! J'entends encore le grand rire de Nina. Je vois encore Agnès comparer ses cuisses aux miennes, je l'entends encore se plaindre de ses cheveux roux... Et je nous vois encore, Caroline, Camille, Agnès, Céline et moi grimpées sur un banc de la cour, chantant à tue-tête les tubes des Spice Girls ! J'ai énormément de tendresse pour tous ces instants...
Pendant qu'Agnès et Nina parlaient, je les regardais, tour à tour. Et je les reconnaissais bien. Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, comme on dit... Le rire de Nina était sans doute plus mesuré, mais elle avait toujours ce sourire fantastique et ces yeux qui brillent. Quant à Agnès, je la sentais épanouie, mieux dans sa peau... Encore heureux ! C'est bien normal, je sais. Chacune a vécu ses expériences. Nous avons grandi. Mais... J'ai beau me dire qu'il est dans le cours des choses d'évoluer, quand je nous vois, comme ça, réunies des années plus tard, je me dis que c'est une sacrée chance, pour nous toutes, que de pouvoir passer de bons moments ensemble, de temps en temps, liées par cette même complicité, ce même naturel qui nous caractérisait à douze ans. Cela me fascine... Et cela n'a pas de prix.