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Cher lecteur,

Exceptionnellement, nous nous adresserons à toi directement : ce site n'est en aucun cas une biographie de Victor Hugo. Alors si tu pensais trouver ici la vie de notre Totor national en long, en large, et en travers, passe ton chemin !

 

Pour bien comprendre les propos de nos deux protagonistes :

1° Des caractères gras de couleur bleue quand Victor s'adresse à Mirabelle

2° Une police des plus classiques quand Mirabelle s'adresse à Victor

 

Sur ce, bonne lecture !

 

Un Mot Au Vol ?

Papotage ArchivÉ

Opinion


Et si vous nous faisiez part de votre opinion ?

Victor mène l'enquête.

Parce que Mirabelle se le demande !




personnes ont écouté la conversation entre Mirabelle et Victor depuis leur rencontre.


Aujourd'hui, à :

il y a personne(s) qui papote(nt) avec Mirabelle et Victor.


La requête de Victor :

  • Parce que Mirabelle et moi-même aimons beaucoup de gens... Allez donc jeter un coup d'oeil à notre tour de tables !
 

Nos recommandations :

  • Un clic et vous y êtes... Si vous souhaitez quelques conseils pour guider votre lecture, bien entendu !



Lexique IUFMesque à l'usage des non-initiés :

  • Mirabelle, dans son infinie bonté, a daigné me proposer (ainsi qu'à toi, ô lecteur non affilié à l'Education Nationale !) un lexique de rattrapage, sensé me donner les repères indispensables à la compréhension de deux rubriques.


24 février 2015 2 24 /02 /février /2015 11:55

L'autre jour, en rangeant, encore et encore, des cartons, et encore des cartons, et de nouveaux cartons, dans notre nouvelle maison, j'ai retrouvé tout un tas d'anciens journaux intimes, tout un tas d'anciennes photos, ma vie, finalement, au travers des pages des cahiers et des carnets, de mes douze à mes vingt-cinq ans, des autocollants sur les couvertures, des coeurs, des prénoms, des dessins, la transformation de mon écriture, un tracé d'enfant à celui d'adulte, ça fait drôle, tout ça, quand on est enceinte pour la deuxième fois, et avec le même homme depuis presque six ans, comme si ça y est, les fondations étaient bien solides, comme si, simplement, on voyait défiler devant ses yeux tout le cheminement pour en arriver là, à la stabilité. J'étais assise contre un mur dans la chambre de Bébé numéro 2, cette chambre qui sent encore la peinture, cette chambre qui est presque prête mais pas encore, j'étais assise là et j'entendais Chéri qui faisait de la pâte à modeler avec notre fille au rez-de-chaussée, son rire de petite fille qui illuminait la maison toute entière, toute l'application, le bonheur de son père à la faire rigoler. 

J'ai passé deux heures seule dans cette chambre. A lire. A sourire. Les larmes aux yeux parfois. A réaliser que j'ai passé du temps à essayer de ne rien oublier, alors qu'il y a tant de choses, tant de choses qui étaient passées à la trappe, tellement de personnes oubliées, qui comptaient tant, pourtant, sur le coup. Certaines disputes de mes parents quand j'étais ado. Des mots qui font mal avec ma petite soeur. Des serments d'amitié pour toujours, avec Lui, avec Elle, Lui et Elle que je ne vois plus. Ma première véritable histoire d'Amour, dont j'ai oublié tellement, l'attachement de mes parents pour Lui, ses parties de tennis avec mon père, ma mère qui l'aimait bien malgré ses maladresses, nos disputes innombrables, nos ruptures incessantes, et pourtant l'Amour, tellement d'Amour au travers des pages, tellement de choses importantes que j'avais oubliées, je ne me souvenais pas, par exemple, qu'il m'avait demandé de venir vivre avec lui à R., je me souvenais qu'il m'avait parlé d'enfant, oui, mais pas de vie à deux, et la première chose que je me suis dite, en lisant cela, noir sur blanc, au travers des pages, c'est "Mais alors il a dû m'aimer vraiment aussi". C'est fou comme on oublie. Même des mots qui auraient dû marquer davantage. Je me demande si Lui s'en souvient. Je l'ai vraiment aimé. Vraiment détesté aussi. Les deux en même temps. Beaucoup haï après, je crois que c'est ça qui m'a aidée, d'ailleurs, toute cette colère contre lui, tout mon amour propre qui s'est dressé contre le chagrin. Aujourd'hui, qu'en reste-t-il ? Je ne sais pas vraiment. De la tendresse je crois.

Je l'ai vu il y a quelques mois. Dans une jardinerie. Il était avec femme avec fils. J'étais avec Chéri et fille. On s'est retrouvé nez à nez autour d'un enclos. Nos deux petites familles, nos deux enfants à admirer des ânes manger du foin. Je l'ai à peine regardé. Je ne sais pas s'il m'a vue. J'imagine. Je l'ai trouvé vieilli. Je me suis trouvée vieillie aussi. J'avais mon bidon de femme enceinte qui pointait bien déjà. Je me suis demandée s'il l'avait vu. C'est passé très vite. Je n'ai pas regardé longtemps. On est parti. On allait au restaurant tous les trois. Notre fille piaffait d'impatience, hurlait de joie. Cela s'est résumé à ça. Nous deux, soudain, au milieu de la vie, autour d'un enclos, nos sentiments d'autrefois ensevelis sous le temps qui passe, qu'en reste-t-il, un vague sentiment difficile à décrire, un je ne sais quoi, parfois j'ai l'impression que lui qui débarque en Angleterre en pleine nuit, par surprise, à l'improviste, comme dans les films, rien que pour me voir, c'était hier, parfois j'ai l'impression que lui et moi dans les vagues, dans les rouleaux de la mer, à rire comme des gamins que nous étions sans doute, c'était hier. Peut être parce qu'on ne se voit pas vieillir. Parce que j'ai encore l'impression d'avoir vingt ans. D'être une jeune instit' en formation. Alors que les stagiaires me vouvoient et me demandent "comment c'était au temps de l'IUFM".

En fait, je ne sais pas pourquoi j'écris tout cela ici. Peut être l'effet du temps qui passe. Peut être parce que je suis une grande sentimentale, et que je sais pertinemment, au fond, que ce qui a compté pour moi naguère comptera toujours, d'une manière différente de ce qui compte au présent, dans la vie, dans la réalité, dans la présence rassurante de Chéri, dans les câlins du soir de ma fille, dans les petits coups de pied dans les côtes que m'envoie de mon fils.

Je sais que lui aussi va être de nouveau papa. Nous serons tous les deux de nouveau parents. A la même période. Au même moment. Exactement comme pour nos premiers enfants respectifs.

La vie est d'une telle ironie... Une ironie délicieuse... Elle nous aura fait deux fois le coup la coquine. Je me demande si comme moi, il trouverait ça drôle, les facéties de la vie, tout ça...

Un jour, il faudra que je songe à en écrire un bouquin. Ca pourrait faire une histoire intéressante, tout ça. Oui, il faudra que j'y pense.

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 13:36

Mon cher Victor,

 

Mon Diiiiieuuu la mine que tu as ! Ah Victor, si tu savais, il m'en arrive encore de belles... Assieds-toi. Tu as l'air d'un cachet d'aspirine ! La vie tient parfois à un cheveu. Quelle entrée en matière ! Tu me fais peur ! C'est vrai que ma manière d'aborder les choses est un peu abrupte, j'aurais dû prendre davantage de gants, d'autant que je ne te rends plus visite très souvent. Taratata... Tu me rends visite quand tu le veux, quand tu le peux ! C'est déjà bien qu'après autant d'années tu n'aies pas rompu le lien ! Allez, venons-en au vif du sujet : que t'est-il arrivé ?

Je ne sais par où commencer. Je suis enceinte. Mon Amoureux et moi-même aurons un petit garçon pour la fin-mars mais... Aaaah ! Mais c'est une excellente nouvelle ça !!! Félicitations ! Ne te réjouis pas trop vite mon Victor. Tu n'es pas sans ignorer que les grossesses, chez moi, ne sont pas de tout repos. Pour la première, j'aurais pu y laisser ma peau, j'espérais autre chose pour la seconde mais malheureusement, au bout de quatre mois, j'ai déjà connu quelques épreuves. Aïe aïe aïe... De quel ordre ? Tout avait pourtant bien commencé. Je me suis retrouvée très vite enceinte, beaucoup plus vite que je ne l'avais imaginé, sans vouloir être vulgaire j'ai eu un peu l'impression qu'il me suffisait de retirer ma culotte pour être enceinte. Mirabelle ! Tu ne m'avais pas habitué à ce genre d'humour ! Bref. Chéri et moi-même nous sommes retrouvés un peu surpris, car nous n'avions toujours pas vendu l'appartement, et deux enfants dans soixante mètres carrés, comment dire, j'ai pensé à des scènes de bagarre dignes de celles des Simpsons, avec la poële à frire dont je m'assomerais le crâne. Mais enfin, vogue la galère, c'était reparti pour un tour, et avec la petite barre violette sur le test de grossesse, c'était la peur de prééclampsie qui refaisait surface. Car je ne suis plus seule. J'ai pensé à ma fille. J'ai eu peur, je me suis trouvée bien égoïste de vouloir lui faire un petit frère ou une petite soeur, et puis la batterie d'examens a commencé, l'angoisse, la peur de perdre cet enfant, les semaines se sont succédées, tout s'est bien passé d'abord, jusqu'à ce fameux soir où ma gynéco m'a téléphoné. C'était suite à cette fameuse prise de sang pour la trisomie. Pas de panique, m'a-t-elle dit, votre risque est tout à fait normal, mais par contre vous avez un marqueur très bas, et dans ce cas-là le protocole veut que l'on fasse une échographie. Le protocole... Pour être sûr... Oh la la...

J'ai passé quinze jours dans la peur. Hors de question pour nous d'avoir un enfant trisomique, c'est sans doute horrible, ce que je te dis là, mais c'était évident, et je pensais à ma fille, je pensais à mon couple, je me disais que j'avorterais, ce serait dur, horrible, et Chéri disait qu'on en avait vu d'autres, qu'on surmonterait ça... Quinze jours pleines de questions et je passais finalement cette échographie. Bébé au développement normal. Un beau petit garçon. L'instant en suspens où je me suis laissée aller à être heureuse, parce que nous avons déjà une fille et que c'est un p'tit mec, quel bonheur, quel bonheur fugace. Fugace ?

Quinze jours après j'étais à l'hôpital. Trois jours de maux de tête atroces, à vomir tout ce que je mangeais. La nuque raide. Eblouie par la lumière. La fièvre qui ne descendait pas. Les comprimés de paracétamol que j'avalais, qui ne changeaient rien, absolument rien. On est allé aux urgences. J'avais déjà une idée de ce que c'était. J'avais peur qu'on me la confirme. On m'a fait des prises de sang, un scanner, une ponction lombaire. Le verdict est tombé. Méningite. C'est pas vrai ? Mais c'est très grave une méningite ! Le résultat de la ponction n'était pas "normal", ils m'ont expliqué, une histoire de leucocytes trop élevés, je ne comprenais rien, j'avais mal au crâne, je pensais à ma fille, à ma famille, je pensais à ce bébé dans mon ventre bien sûr, et Chéri qui serrait les dents à côté de moi... On m'a parlé de cultures à faire, pour savoir de quel germe exactement il s'agissait. On a vite écarté une bactérienne, sans quoi je ne serais sans doute pas là pour te parler, mon pauvre Victor. Grâce à Dieu ! On m'a toutefois précisé qu'il y avait énormément de sortes de méningites virales, certaines beaucoup plus agressives que d'autres, et on m'a dit, on m'a dit surtout qu'il y avait "un certain risque de fausse couche". Là-dessus, on m'a emmenée en fauteuil roulant dans le service gynéco, le service grossesse patho était plein, et on m'a mis en isolement. Pendant deux jours, je n'ai pas vu le visage des infirmières, juste des blouses vertes, des masques verts, des charlottes vertes qui venaient changer ma perfusion. On me demandait de tourner la tête de l'autre côté pour leur parler, et je n'avais rien d'autre à faire qu'attendre, attendre et pleurer, attendre que les antibiotiques fassent de l'effet, attendre qu'on en sache plus sur ce fichu germe, pleurer en pensant à ma fille qui elle aussi pleurait au téléphone, à Chéri qui ne pouvait pas s'approcher à moins d'un mètre cinquante de moi, qui ne pouvait pas m'embrasser, pas me toucher.

Et puis un matin on a levé l'isolement. Certains germes étaient écartés. Pas tous. On me parlait encore de la méningite à listéria, qui peut être fatale pour le foetus. Ma fille est venue. Elle a été très impressionnée par la perf, ne s'approchait que très peu : "Tu as des bobos maman ?".

Je suis restée quasiment cinq jours à l'hôpital. Une éternité. On m'a fait sortir en me disant que toutes les méningites les plus agressives avaient été écartées. Une ordonnance de paracétamol plus tard, j'étais de retour à la maison.

Je peux le dire maintenant. J'ai cru que j'allais mourir. Tout le temps où l'on ne savait pas, tout le temps où les antibiotiques ne faisaient pas encore d'effet, j'ai eu le temps de penser à ma vie, à celle que j'étais, à celle que je suis devenue, j'ai eu le temps de penser à ma fille, à son père, à mes parents, ma soeur. J'ai eu le temps de penser aussi à ceux que j'ai tellement aimés, des ami(e)s avec qui je me suis fâchée, que je n'ai pas revus, auxquels je pense souvent, j'ai eu le temps de penser aux hommes que j'ai aimés, avec qui ça s'est fini comme ça, sans un mot, du jour au lendemain, et je me disais si je les avais en face de moi, tous ces gens qui ont compté, qu'est-ce que je leur dirai, je savais, je savais ce que j'allais dire, il y a tant de choses que je n'ai pas pu leur dire, et eux, eux, que me diraient-ils, qu'auront-ils gardé de moi, quelle image, de la tendresse, un peu j'espère, un bon souvenir.

J'ai eu le temps de penser aussi à ces rêves que je n'ai pas exaucés. A cette écrivain célèbre à qui j'ai envoyé les cinquantes premières pages de mon roman, qui les trouve "abouties et fortes", qui me dit qu'"elle pourra m'adresser à des éditeurs", qui me tire "son chapeau", qui est "épatée", j'ai eu le temps de penser à ça ,à celle que j'ai toujours été, à celle que j'ai oubliée un temps. L'écriture, c'est moi. Les livres, c'est moi. Ca a toujours été moi. Je ne serai jamais une grande sportive. Jamais une championne de France de je ne sais quelle discipline, ça m'a longtemps complexée, très longtemps. Plus maintenant. Je ne serai jamais mannequin, je n'en ai ni la taille ni la beauté, mais je sais aussi que cela n'aurait pas été mon truc, cela n'aurait tout bêtement pas été mon truc, moi j'aime les mots, j'aime les phrases, les histoires, l'imagination, j'aime ce qu 'on ne dit pas, ce qu'on tait, ce qu'on devine, ça c'est moi. J'ai eu le temps de penser à tout ça. A la vie à laquelle je tenais tant, à ceux que je ne voulais pas quitter.

Et puis je suis rentrée chez moi. J'ai retrouvé ma fille qui observe les bleus sur mes bras : "T'es plus à l'hôpital, Maman, tu es guérie ?", qui a encore peur quand je m'allonge pour me reposer. Je me sens très fatiguée. Les médecins m'ont prévenue. On s'en remet entre quatre jours et trois mois, cela dépend du métabolisme, et "sachant que vous êtes enceinte, cela peut être long, autant vous le dire". Je suis fatiguée et pourtant si vivante. J'ai encore une fois l'impression d'être passée à côté du pire. J'aime la vie. J'ai peur du temps qui passe, peur d'être oubliée, peur de n'avoir pas compté. Mais j'ai encore tellement de choses à faire, à me prouver. Avoir ce beau petit garçon. A terme cette fois, je l'espère. Ecrire ce livre. Etre publiée. Continuer à aimer mes parents, à m'en occuper, eux qui ne sont plus si jeunes, ma soeur qui est loin, ma soeur si différente, mais avec laquelle j'arrive à parler aujourd'hui. Mon Amoureux bien sûr, sans qui je ne m'imagine pas. Ma fille. Que j'aime plus que tout.

Je m'appelle M., j'ai trente ans, j'en aurai trente-et-un en février, j'ai un Amoureux depuis cinq ans, bientôt six, j'ai une petite fille merveilleuse de deux ans et demi et un bébé qui gigote dans mon bidon. Je m'appelle M. et j'écris. Je m'appelle M. et je veux être écrivain.

Voilà qui je suis, et j'ose le dire enfin.

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 23:18

Mon cher Victor,

Samedi dernier, j'ai vécu un moment un peu étrange, comme un retour sur mes propres pas. Ah ? Je suis revenue un peu vers Lui, celui que j'ai aimé, longtemps, le Premier. Tu l'as revu ?! Non ! Mon Dieu, non, pas du tout ! Et tu sais bien, Victor, que si jamais cela se produisait, lui et moi passerions notre chemin, tout bonnement ! Eh bien alors ?

Eh bien alors il est curieux de constater comme l'on garde la mémoire de certains endroits. C'est un puissant torrent de souvenirs qu'ils sont capables d'éveiller en nous... Mirabelle, je ne te suis pas !

Autrefois, nous étions quatre. QUATRE ?!? Enfin quatre... Ne commence pas à imaginer n'importe quoi ! 2 couples d'amis : Lui et moi, C. et J.B. On était quatre, et on s'entendait bien. Et puis un jour, voilà, tu sais bien, il est parti, sans vraiment partir, sans oser le dire franchement sans doute, on passait la nuit ensemble ce soir-là, il rentrait tout juste du ski, le matin il me disait que "la balle était dans mon camp", me disait qu'il m'aimait, puis silence radio : trois jours plus tard, c'était fini, il y en avait une autre, j'avais eu le courage de le lui demander, et lui celui de me raccrocher au nez. J'ai refusé tous ses appels. Je n'ai pas revu C. et J.B, du moins pas tout de suite, j'ai juste appris que la "transition" entre elle et moi avait été très vite faite d'après ce que j'ai compris, et puis j'ai senti aussi qu'il me faudrait du temps, beaucoup de temps, avant de revoir, de pouvoir revoir, ces deux personnes que j'appréciais, ces deux amis, sans le voir Lui à travers eux. Ils ont eu un enfant. Je ne l'ai pas vu enceinte. Le temps a passé. L'eau a coulé sous les ponts. L'année dernière, elle a de nouveau attendu un bébé. Cette fois, je l'ai vue, splendide, le ventre bien arrondi, elle est venue à la maison avec son mari, leur petit garçon...

Samedi dernier, j'ai vu leur petite puce toute belle toute neuve. Je suis allée chez les parents de l'heureux papa. Parents que je n'avais pas vus depuis près de dix ans peut être. Ils ne souvenaient pas de moi bien sûr. Moi, par contre, je me suis aperçu que, malgré moi, je me souvenais de beaucoup de choses. Il y avait un bureau, et un ordinateur dans le coin à gauche, en entrant dans le salon. Maintenant, c'est un meuble. Je me suis revue assise à la grande table, sur ses genoux, je me suis presque souvenue du son de sa voix. De loin, j'ai vu le jardin, à travers les fenêtres, je nous ai revus, tous les quatre, on avait vingt ans peut être, un peu plus, tous les quatre, à profiter du barbecue, les chips, le lapin qui gambadait dans l'herbe...

Je croyais avoir oublié tout ça.

Sur le pas de la porte, en la remerciant de m'avoir invitée, alors que C. me disait qu'"ici, il y avait peut être pour moi de mauvais souvenirs", je me suis entendue dire qu"il y en avait aussi des bons".

Je crois que c'était la première fois que je le disais aussi clairement, pour moi comme pour les autres, tout haut.

A ce moment-là, on aurait pu être, elle et moi, au coin du feu, sur nos rocking-chair, nos tricots sur les genoux, à évoquer la douceur du temps passé... Je vieillis, non ?

Oui... Enfin, tu le savais, quand même, que c'était la vie, n'est-ce pas ma Mirabelle ?

 

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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 17:12

L'agent immobilière est passée hier soir. Elle a trouvé l'appartement très beau, bien entretenu. Elle pense qu'elle n'aura pas de mal à le vendre. Quand elle est partie, il y a eu un silence entre nous. Il a dit que ça allait. J'ai dit que ça allait. La semaine prochaine, l'annonce paraîtra dans la revue de l'agence, sur le site internet. Drôle de sentiment que de se dire que Monsieur et Madame X pourront lire la description de notre chez-nous. Trois pièces, cuisine aménagée et équipée, cellier, salle d'eau. Oui, drôle de sentiment. Comme la sensation d'offrir notre intimité à voir, contre notre gré.
Il ya  quatre ans, je me souviens, nous étions ensemble depuis quelques mois, il m'a dit "J'ai trouvé un appartement, il faut que tu le vois". Moi, fraîchement emmenagée dans mon propre appartement que-je-ne-quitterai-pas-avant-quelques-années-c'était-résolu, je l'avais accompagné pour le visiter, "pour voir", on nous avait appelé "Monsieur et Madame", comme on nomme un couple bien installé, et moi, moi je me souviens m'être placée sur le balcon pendant qu'ils discutaient électricité et travaux, je me souviens avoir regardé la rue, les pièces vides, le parking en face, je me souviens m'être demandée si j'étais prête pour cette aventure, si j'étais prête pour recommencer, tout recommencer, l'espoir, l'attachement, prête à accepter l'éventualité de souffrir un jour, d'avoir le coeur brisé, moi qui venais tout juste de le réparer. Six mois que nous étions ensemble quand il a repéré l'appartement. Six mois, aussi, que je vivais seule, chez moi dans cet appartement bien situé, confortable, que je m'étais jurée de ne pas quitter tout de suite, moi qui déménageais tous les ans. Et puis j'ai réalisé que je n'avais aucune envie de vivre seule. Aucune envie de vivre sans lui, surtout. Alors j'ai dit d'accord, et au diable mes beaux principes, les conventions. Et tout a commencé. Un vrai coup de poker.

Les travaux dans un appartement qui n'était pas à moi, qu'il avait acheté seul, le grand projet de ses trente ans. Venir l'aider le soir après le boulot, casser du carrelage, arracher du papier peint, peindre des portes et des tuyaux, courir les magasins pour acheter ce qui manque, choisir ensemble la vasque, le mobilier de la salle de bain, la couleur de la chambre, poser le parquet, rouler sur le périphérique pleins de peinture avec du rock anglais à fond dans la voiture. C'était un curieux mélange, de fatigue, d'angoisse, de pression, de joie aussi, se lancer dans de gros travaux quand on est un jeune couple, c'était quelque chose, beaucoup d'excitation, j'avais la sensation de construire quelque chose, au sens propre comme au figuré, de me jeter dans un gouffre rempli de trésors, sans trop savoir si j'avais raison, c'était si rapide, me disait-on, tu es sûre, avec lui, tu es sûre, ça va vite, vous n'êtes pas ensemble depuis très longtemps, prenez votre temps. Non, il n'en était pas question, je ne voulais pas, je ne voulais pas et je ne me reconnaissais pas, je l'aimais, je l'aimais tellement, il fallait que j'y sois, que je fasse partie de l'aventure, que je l'aide, que je vive avec lui, vite, et tant pis si ce n'était pas chez moi, c'était tout comme, ce serait chez moi quand même.

C'est moi qui ai installé l'étiquette sur la boîte aux lettres, mon nom, le sien, ensemble.

Un an plus tard, c'était reparti pour la déco. Objectif : métamorphoser mon bureau en une chambre d'enfant. Je me revois, le ventre un peu arrondi déjà, choisissant les stickers, crééant des décors qui feraient rêver la chair de notre chair, je me revois achetant le mobilier, espérant que notre bébé serait heureux ici, nous qui l'étions tellement tous les deux.

La vie a passé vite. Tellement vite...

La semaine prochaine, l'appartement sera en vente. Bientôt, une autre femme aura le coup de foudre pour ce que nous avons construit ici, s'y projetera, peut être une femme qui me ressemble, à l'époque où j'avais choisi la passion plutôt que la raison (pour une fois !), une femme qui prendra le risque de se lancer dans l'aventure avec celui qu'elle a choisi. Je l'espère pour elle mais celle que j'étais, et celle que je suis devenue, a du mal à envisager l'idée de se séparer de ces soixante mètres carré...

J'ai le coeur qui se serre.

Mais l'aventure continue. Ensemble, toujours...

Maison, deuxième enfant... Le coup de poker valait le coup d'être tenté.

 

 

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 20:14

Mon cher Victor,

 

Tu es toujours en vie ? Bonjour, Victor. C'est toi, Mirabelle, vraiment ? Oui. Tu as un peu grossi. Des cernes, moins d'artifices qu'auparavant. Eh oui... Plus le temps ! Je suis mère, maintenant ! Naaaan, je rigole, je suis toujours aussi svelte, aussi mince, aussi magnifique, maquillée, apprêtée, bref : sublime ! Naaaan, je rigole aussi, là... Plus sérieusement, la femme est toujours là, moins démonstrative, moins expansive, mais toujours là... En tous cas, plus avec moi ! Je ne sais d'ailleurs si je dois m'en vexer, passer outre... Passe outre, Victor, passe outre. Notre amitié est de celles qui seront toujours importantes, malgré le temps qui passe... Disons que je te crois ! Qu'est-ce qui t'a décidé à revenir ?

Un message. Touchant. D'un lecteur. Merci à lui. Il m'a permis de me souvenir qu'au-delà de l'écran, au-delà de ce mirabelle.over-blog.org, que j'ai laissé, il faut bien l'avouer, à l'abandon, il y a des gens, quelques uns, qui me suivent encore. Certains sont là depuis les premières heures, celles de la PE1, quand j'étais encore avec J., mon Mystérieux Inconnu, offrant avec impudeur (je le regrette aujourd'hui), notre amour houleux teinté de dépendance, d'autres découvrent ces lignes, en pointillé, mes silences, prolongés, mon bonheur, oui, mon bonheur, de mère débordée, d'instit' encore angoissée (non non, je ne change pas !), de femme aimée et qui aime encore tellement, au-delà de ses espérances.. Oui, il y a toujours des gens, derrière, au-delà, des gens avec leurs vies propres, leurs sensibilités, et ce lecteur m'a tellement touchée que je n'ai pas pu faire autrement que de revenir vers toi. Merci à lui, alors ! Comment vas-tu ?

Ca va. Ma fille a eu un an il y a un mois. Une drôle de date. De la fierté, le souvenir de la peur, de la douleur, de l'après surtout, quand je ne l'avais pas avec moi, les fils, les scops, le soulagement, énorme, à l'idée de ce qui n'arrivera plus, la crainte de ce qui arrivera peut être, encore, un jour, pour une deuxième grossesse, pour le petit frère ou la petite soeur, parce qu'il y a un risque, toujours un risque, mais le temps fait son oeuvre, petit à petit, j'apprends à me donner une chance, en tant que "ventre porteur", j'apprends à espérer qu'un jour, je pourrais voir mon bébé à sa naissance, juste après, le tenir tout chaud, tout moite, contre mon corps harassé de fatigue. Oui, j'espère, et la conscience de l'espoir, elle-même, est un espoir en soi. Ma fille a eu un an donc, et je continue d'aimer ma vie avec Lui. Tranquille ou presque. Parce que je suis comme suis, comme j'ai toujours été. Pas facile. "Un sacré caractère", me dit-il, avec tellement de tendresse dans la voix. Mais il m'aime. Comme ça. Passionnée, romanesque, tragédienne, tantôt enfant, tantôt adulte, il m'aime, et quasiment quatre ans après notre coup de foudre virtuel, puis notre coup de foudre réel, je pense toujours que je suis avec "le bon", comme on dit, quatre ans après il a toujours foi en moi, en nous, et j'en suis si fière. Pour toi, c'est un pas énorme...! Oui. Ca prouve beaucoup de choses. Nous découvrons la parentalité ensemble. Il est comme moi, sensible, et parfois il suffit d'un regard pour que nos émotions se croisent, tandis qu'elle se relève, seule, en se tenant à la table, ou quand elle vient me rejoindre à quatre pattes dans la cuisine alors que je l'appelle. C'est un lien si fort, tellement plus fort que ce que j'avais imaginé. Je suis heureuse de ne m'être pas trompée, cette fois, de l'avoir choisi lui pour construire ce lien pour la vie. Et à travers A., je le vois, tous les jours, même s'il paraît qu'elle est mon portrait craché, ses mimiques, son caractère (malheureusement elle est loin d'être facile elle aussi !), cette enfant c'est Lui et c'est Moi, et j'en suis encore à me demander comment un tel "miracle" est possible.

Bien sûr, je suis toujours moi. Torturée. Pleine de questions. A bientôt trente ans, je me fais une raison : c'est ma nature, je ne la changerai pas, je l'apprivoise, c'est tout. Nostalgique, mélancolique, pessimiste, c'est ce que je suis, même si je suis heureuse, c'est tout mon paradoxe. La vie passe, vite, les lessives, le ménage, les jeux avec A., les jeux tous les trois, la lecture sur le canapé (elle aime tellement les livres ! Non non, je ne l'ai pas influencée !), le Babycook qui tourne à plein régime, le boulot, aussi, même si, on m'avait prévenu, "on redéfinit ses priorités". Tout ça use tellement, le temps, la fatigue, que j'en oublie qui je suis, qui j'étais, la petite fille qui écrivait sur des petits cahiers à grands carreaux, qui illustrait ses textes, la jeune fille qui écrivait des poèmes, des "morceaux de roman", la jeune femme qui s'était dit, un soir : "tiens, si je tenais un blog ?". Oui, je l'avais oubliée, et grâce à ce lecteur, je m'en suis souvenue. Merci, lecteur mystérieux.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 17:28

Mon cher Victor,

 

pluiedamour

 

Alors, es-tu arrêtée ? Il faut te reposer Mirabelle ! Doucement, pas de panique mon Victor. Eh bien oui, je suis arrêtée toute cette semaine. Et je réalise que cela me fait ENORMEMENT de bien : non seulement je souffle mais aussi je profite, je prends le temps de savourer. A force de vouloir que tout avance, de courir I**A et les magasins de puériculture, entre les tâches ménagères et le boulot, j'en avais presque oublié quel plaisir cela peut être de prendre le temps d'être attentive, j'entends par là, bien sûr, attentive aux cabrioles de la demoiselle qui gigote dans mon bidon.

Elle grandit. Me donne des coups de plus en plus haut. J'en ai même ressenti dans les côtes, premières manifestations un peu douloureuses ! Il me semble pourtant que je viens tout juste de faire mon test de grossesse, au réveil, le coeur battant, avant de partir pour la rentrée des classes, début septembre. Il me semble que je viens tout juste de voir le mot "enceinte" sur le bâtonnet, que je viens tout juste de verser des larmes de joie, dans l'obscurité de la chambre en l'annonçant à Chéri que je réveille exprès pour l'occasion, incapable d'attendre le soir pour lui annoncer.

Cet après-midi, j'ai fait une petite balade le long des quais, par le temps que j'affectionne le plus, très froid, très ensoleillé. J'avais un peu mal au dos, je marchais lentement, autant parce que je m'essouffle vite que par plaisir. Les quais, c'est là que j'ai rencontré Chéri. Ils ont une signification particulière, et cet après-midi le ciel était très joli, un peu comme ce jour de juin, il y a trois ans. Sauf que tu avais plus froid ! Certes. Bref. J'avais dans les oreilles cette splendide chanson de Francis Cabrel "Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai", j'ai pensé que le temps passait vite, si vite, qu'il était décidemment imprévisible.

J'ai repensé à l'émerveillement qui m'avait saisi en le quittant, après quatre heures de conversation à bâtons rompus avec lui ce fameux jour de juin, entrecoupés par mes rougissements, mes sourires, ses doigts qui tremblaient sur le paquet de cigarettes. Notre trouble à tous les deux. J'ai repensé à moi, tournant comme un lion en cage chez mes parents, le coeur prêt à éclater sous l'espoir qui renaissait. C'est drôle, j'ai tout de suite senti l'évidence, ce sentiment indescriptible que cependant, je n'avais connu avec aucun autre auparavant. Tout a toujours été évident avec Lui. Evident que j'allais tomber amoureuse. Evident que nous nous aimions, quelques semaines plus tard, tandis qu'il tentait de me bafouiller une déclaration, stoppée nette par mon sourire : "Je sais. Et moi aussi.". Evident que nous étions faits pour nous entendre, pensant la même chose au même moment, débordant sous les points communs. Il fut évident, aussi, sans avoir besoin de se le dire, que nous voulions vivre ensemble, évident que le temps et les convenances, au fond, avaient peu d'importance. "Vous allez vite", nous a-t-on dit, sur un ton un peu soucieux, quand j'ai rendu l'appartement que je venais de louer, quand lui a lâché le sien (que dis-je, sa garçonnière plutôt), mettant fin à son existence de beau célibataire profitant-de-la-vie-si-vous-voyez-ce-que-je-veux-dire, et que nous nous sommes installés dans un appartement pour nous deux, entièrement à refaire. J'avais peur, bien sûr, parce qu'évidemment, je n'avais jamais pris autant de risques pour personne mais l'évidence était là et j'avais en l'avenir cette confiance, cette insouciance que je découvrais au creux de moi, alors que je m'en croyais incapable.

Il était évident que nous aurions des enfants ensemble. Et presque trois ans plus tard, je me balade le long des quais, avec le froid qui pique, le soleil qui éblouit, une chanson qui colle au décor, et tous les souvenirs qui affluent, au rythme affolant du temps qui passe, je suis enceinte et ma puce bouge dans mon ventre, bien au chaud. Je me suis mise à pleurer en constatant que je possède tout ce que je désire, tout ce que j'ai tant recherché pendant des années avec d'autres sans jamais parvenir à le toucher du doigt. Et si la vie n'est pas parfaite, s'il y a parfois des moments d'incompréhension et de découragement, je garde en mémoire, toujours, ce par quoi je suis passée auparavant, et je n'ai pas de doute, jamais, sur le fait que l'essentiel est là, évident. L'émerveillement me traverse encore, parfois, en réalisant que tout cela est possible. "L'amour comme s'il en pleuvait", comme dirait Francis. J'ai croisé un petit grand-père, navré face à mes sanglots. J'ai ri : "Non, mais en fait, cela va très bien !"

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:28

Mon cher Victor, 

 

ricetbarrier

 

Ricet Barrier est mort samedi dernier. Qui est-ce ? Bien sûr, cela ne te dit rien. Et très franchement, tu n'es pas le seul. Ce n'était donc pas une célébrité ? Pas à ce point-là, non. Il a connu son heure de gloire dans les années 60. Bien avant ta naissance donc ! C'était un chanteur de music-hall à la française, que l'on n'entendait plus nulle part, même sur Radio Nostalgie. Et si ce n'était pas le Johnny du music-hall, si effectivement, son décès laissera indifférent bon nombre de gens (notamment de ma génération), je suis ce matin un peu triste.

Ricet Barrier, c'est la chanson "les Spermatozoïdes", que mon père, mon oncle et un grand ami de la famille reprenaient à la guitare. Un morceau d'enfance. Les grandes tablées. L'odeur de tabac dans l'air. Ma soeur et moi, petites, chantonnant, sans rien comprendre, dansant sur le rythme saccadé, tel une cavalcade, tournant comme des toupies dans le salon, avec nos deux cousines. C'est la famille. En grandissant, ce sont des rires, beaucoup de rires, les spermatozoïdes, l'ovule, les gros mots parfois ("Papaaaa ! Le chanteur il a dit "piétine la gueule" !"), les familiarités, c'est si drôle quand on a moins de dix ans. Encore ces grandes tablées et cette harmonie des guitares, des voix, le bonheur de partager la musique. Toujours la famille. Cette chanson nous a suivies, d'année en année. J'ai, pour ainsi dire, grandi avec.

Alors j'écoute, encore et encore, "Les Spermatozoïdes", et du haut de mes 27 ans, je me dis que Ricet avait tout compris :

"Tous les autres vainqueurs, ceux qui sont d'jà dehors/ Ils m'attendent pour se battre, pour voir qui s'ra l'plus fort./ Ouais, quand je sortirai, il n'y aura plus d'vacances/ Pendant soixante-dix ans, la bagarre recommence ! C'est la vie ... c'est la vie ... c'est la vie ...".

C'est la vie, c'est vrai, et j'essaie de retenir, vainement, les éclats de rire de mes huit ans, la "jupe qui tourne" de ma soeur, la voix haut  perchée de ma mère, les grandes tablées, l'odeur du tabac froid, l'harmonie des guitares. Toute une époque.

Sur Deezer, si l'on tape "Ricet Barrier "Les spermatozoïdes", on obtient "0 résultat".

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 14:17

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Mon cher Victor,

L'attente est longue. Trop longue. Insupportable. Un accident il y a quelques jours et c'est la panique à bord. La panique ? La panique de quoi ? Et qu'est-ce que c'est que cet engin, ces inscriptions "enceinte", "pas enceinte" ?! Ne roule pas ainsi des yeux, tu m'angoisses encore plus... Mais, mais... Oui, oui, c'est bien ce que tu crois... Pardon, pardon ?

L'oubli d'une pilule contraceptive, deux jours et quelques galipettes plus tard, je me suis retrouvée à la pharmacie à acheter la PDL. La première de ma vie. La PDL ? La Pilule Du Lendemain. Mes mains tremblaient, je tremblais toute entière. Mon amoureux était là, avec moi, pétri de peur lui aussi, et la dame en blanc me faisait les gros yeux. Il me semblait être une gamine de seize ans, imprudente, inexpérimentée, qui découvre les joies de l'amour et ses risques. Sauf que tu n'es plus une adolescente et qu'il suffit d'une seule fois pour que survienne le pire !

Le pire... Ce ne serait pas le pire. Ce n'est pas ainsi que je le considère. Je veux un enfant. Mais... Mirabelle, ma petite chérie, autant que je le sache, ton Amoureux et toi-même vous fréquentez depuis peu de temps ! Six mois à vue de nez, non ? Non ! Un an et demi, Victor ! Quand bien même, quand bien même ! Oui, je sais ce que tu penses : ça va trop vite, ce n'est pas une décision que l'on prend à la légère. Mais tout a été vite entre nous : le coup de foudre que nous avons eu l'un pour l'autre, d'abord, les sentiments, l'emménagement ensemble, la grande aventure de l'appartement à retaper, la vie à deux, ses tracas comme ses instants de bonheur. Mais tout de même, de là à procréer ! Nous en parlons. Il n'est pas prêt, toutefois. Veut attendre. Encore. Un peu.

Et moi... Moi, je rêve que je suis enceinte. La nuit, je sens un bébé fictif bouger dans mon ventre. Je le caresse, et le réveil est toujours un moment douloureux. La vérité, Victor, c'est que cette envie de grossesse prend de plus en plus de place, me dévore toute entière, et attendre, attendre qu'il me dise oui, c'est long, c'est difficile, même si je sais qu'il le faut. 

Mercredi, j'ai passé la matinée avec une amie enceinte. Le jeudi je crois (mais avec tous ces questionnements qui me rongent, je n'en suis plus certaine !), j'ai oublié ma pilule et ne m'en suis aperçu que le vendredi soir.  Douche froide en découvrant le comprimé de retard. Lui l'a mal vécu. Quant à moi, j'ai oscillé entre la satisfaction de toucher mon rêve du doigt et la déception devant la terreur de mon Amoureux, terreur dont je n'étais pourtant pas surprise. Tristesse Immense devant la réalité des faits, la spontanéité des réactions. Dès le samedi, donc, j'ai avalé la pilule miracle. Avec l'envie de pleurer.

Depuis, j'attends. Plus ou moins seule. Parce que je ne peux pas en parler avec lui. Il crève de peur. Tandis que je vascille d'espoir et de crainte. Je ne devrais pas être enceinte. J'aurais dû en être certaine aujourd'hui, aucune preuve n'est venue. J'attends toujours. Le retard est normal, paraît-il, après la prise de la PDL. Et je sais que je ne serai pas l'exception à cette règle scientifique, statistique : la PLD est fiable à 95%. Bientôt, j'aurai mes règles et toutes ces questions, ces "et si ?", tout ce qui aurait pu être, ces espoirs interdits, que je réfrène sitôt qu'ils m'assaillent, seront terminés, n'auront plus lieu d'être. Je sais que c'est mieux ainsi. Que le moment n'est pas encore venu.

Parce que je sais que ce sera lui le père et pas un autre. Parce que je n'ai jamais été aussi sûre de moi, aussi à ma place avec qui que ce soit. Parce que je veux qu'il soit heureux le jour du grand évènement. Parce que nous sommes deux, tout simplement.

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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 01:19
Mon cher Victor,
 J'ai passé mon week-end à m'étourdir. De travail ? Non, à m'étourdir de musique, de rires, d'hommes et de danse. C'est plutôt bien, ça ! As-tu fait de nouvelles rencontres ? C'est bien de cela qu'il s'agit. Aaaaaaaaaah ! Raconte moi tout ! Tu vas vite déchanter, crois-moi...

J'ai dansé jusqu'au bout de la nuit, accompagnée d'un ami qui a joué les gardes du corps le temps de la soirée. Pourquoi ? Une horde d'hommes s'est ruée sur toi ? Une horde, n'exagérons rien, quelques uns suffisent. Je les ai tous repoussés. Pas méchamment, rassure-toi. Juste repoussés. En rentrant chez moi (vers les 5 h du matin quand même !), j'ai longuement réfléchi. La journée du lendemain aussi. J'en suis parvenue à une conclusion : je plais, c'est indéniable. Tiens... Tu es loin de me chanter ce refrain d'habitude ! C'est vrai. Alors écoute bien, tu vas en rester scotché sur ton siège !

Je plais. J'avais toujours été persuadée du contraire. Je le suis encore, intérieurement, mais comme dirait mon garde du corps d'hier soir, il faut s'en tenir aux faits. Paraît-il qu'il a été obligé d'"en calmer quelques uns" (ce sont ses mots !) alors que je virevoltais sur la piste de danse. Bon... Ne soyons pas hypocrites : cela me flatte d'attiser les convoitises. Encore heureux ! Il ne manquerait plus que tu t'en plaignes ! Cependant... Cependant ? Cependant, ce n'est pas pour autant que je me sens mieux. Ooooh, alleeeeez ! Même pas un tout petit peu ? Bon. En fait, si, tu as gagné. J'adore être courtisée. Bravo, bravo ! Que vont penser nos lecteurs ? Peut être qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien ? Hummm.... Sans doute vont-ils relever une certaine redite ? Pfff... Alors dis leur que j'ai le droit de radoter si je veux !!! Je leur dirai, je leur dirai... Et puis s'ils ne sont toujours pas contents, dis leur aussi que, en tant que victime d'un spécimen assez magnifique de goujat-macho-c*****d (pas la peine de rayer la mention inutile, c'est un 3en1 !), j'ai bien droit à quelques compensations ! Non, mais c'est vrai, quoi, sans blague !

Ah euh... Au fait, pourquoi les as-tu repoussés, tous ces hommes ? Aucun n'était à ton goût ? Si. Pourtant, si. Pfff... Il vaut mieux entendre ça que d'être sourd ! Tu es restée passive, tu n'as rien tenté malgré la mante religieuse qui sommeille en toi ? Eh non ! Je suis consciente que je tiens quelque chose de joli, là, au creux de ma main, mais je ne suis pas encore prête à m'en emparer. Alors je le laisse fuir. En attendant qu'il revienne, pour le savourer à pleine bouche, sans avoir un arrière goût de goujat-macho-c*****d pour me gâcher ce délice. En gros, tu veux finir de mépriser ce qu'il y a à mépriser avant de pouvoir aimer ce qu'il y a à aimer ? C'est tout à fait ça. Enfin, restons sur une impression positive, si tu veux bien... Sinon je pourrais te dire que je vais bientôt faire mon test HIV et que ça m'angoisse à mort, mais bon, puisque je veux rester d'humeur festive... Finissons sur une petite note de musique ! Chante avec moi : You are the Dancing Queeeeen, young and sweeeeet, only seventeeeeen ! Dancing Queen, feel the beaaaat from the tambourine ! Ohhhh Yeeeeeeeeeeeah !! You can dance, you can jive, having the time of your liiiiiife ! See that girl, watch that scene, dig in the Dancing Queen !
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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 01:18
C'est rentrer avec ma petite Twingo, un air de piano m'accompagne. C'est d'avoir, face à moi, alors que je roule en ligne droite, une belle lumière, entre le gris et le rose, épousant le contour des nuages. C'est d'admirer une petite pluie fine, étincelante, presque rougeoyante, si inédite qu'elle en paraît presque irréelle. C'est de penser très fort que je vis un joli moment et qu'il faut à tout prix que je me souvienne du gris, du rose, de la musique, du ronron sécurisant de la voiture et de mon sentiment de plénitude.
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