Mon cher Victor,
Si j'interprète bien le titre de ton article et l'image que tu y joins, je suppose qu'aujourd'hui, nous parlerons de ton papa ! Ca, c'est une bonne fille ! J'étais certaine que cela te ferait rire. Ne me regarde pas avec cet air attendri s'il te plaît, je n'ai plus quatre ans ! Et pour ton information, le dessin qui accompagne ces mots n'est pas de moi ! Je n'ai aucun talent pour le dessin, mais tout de même, j'ai passé quelques étapes...
Ce matin, je suis retournée courir. Comme avant-hier. Je me suis aperçu que je n'avais pas précisé que mon "coach" n'est autre que mon papa. Ton coach ? C'est quoi, un coach ? C'est un préparateur physique. Plus simplement, c'est ton entraîneur. C'est donc mon père qui accompagne mes foulées, supporte mes gérémiades, et m'encourage sans relâche. C'est lui planifie tout : où nous allons courir, sur quelle distance, quand allonger ma foulée, quand accélérer, quand ralentir... Il va même jusqu'à prendre mon pouls pour vérifier que je récupère bien ! Le pauvre... Je te vois d'ici ! Toujours à te plaindre ! Tu ne crois pas si bien dire ! C'est vrai que d'un certain point de vue, je ne suis pas un cadeau...
Je suis une pleurnicheuse. Voilà la vérité. Toujours à gémir. Ce matin, c'était terrible. Une pointe de côté au bout de trois cent mètres. Les jambes comme des bouts de bois. Un mal fou à trouver un souffle stable. Des bras qui partent dans tous les sens. Des douleurs aux aducteurs. Des papillons dans le ventre. Tu n'en rajoutes pas un peu là ? Non, même pas ! Et mon père, d'une extrême gentillesse, d'une extrême patience, ne s'énerve jamais. En fait, plus je gémis, plus il m'encourage :
- Papaaa ! J'ai trop mal ! Il faut que je m'arrête !
- Mais non, mais non... Ca va !
- Siiiii ! J'ai une pointe de côté atroce, là, je n'en peux plus !
- Souffle bien, souffle bien ! Tu vas y arriver, tu vas y arriver !
- J'ai mal aux cuisses !
- Regarde bien devant toi, la tête haute ! Allez, Mirabelle, allez !
Je pourrais poursuivre indéfiniment ce genre de dialogue, en variant seulement mes sujets de souffrance. Mais je suppose que tu n'as pas besoin de plus pour te faire une petite idée du calvaire que c'est de courir avec moi ! Tu supposes bien... Je dois dire que j'ai de l'admiration pour ton pauvre papa ! N'exagérons rien non plus ! Je lui rends service : il entretient sa santé en courant avec moi ! Enfin, maintenant, je comprends le sens de ton titre... Je l'imaginais pompier ou ou policier, ou ce genre de professions, ces professions qui font rêver les enfants, un métier à risque, qui expliquerait le choix du terme "héros". Mais non, même pas... C'est juste un héros très discret, un héros de tous les jours, qui supporte les gérémiades de sa fille, déjà grande qui plus est ! Alors, finalement, tu vois, à bien y réfléchir... Oui... Je trouve qu'il a beaucoup de mérite de te supporter, ton héros de papa !