Mon cher Victor,
Continuons l'étude des grands personnages politiques d'aujourd'hui. Une fois n'est pas coutume : je parlerai de quelqu'un qui s'était soit-disant "retiré de la vie politique" (ce sont ses termes !) mais qui semble bien s'y glisser à nouveau, grâce aux médias, meetings de soutien etc... Cet homme, mon cher Victor, s'appelle Lionel Jospin. Il est du parti socialiste. De quel bord est-il, alors ? Gauche. Ahh !! Ne fais pas cette mine réjouie : tu vas déchanter bien vite.
Nous avons parlé la dernière fois, mon cher Victor, du Président de la République. Il a été réelu en 2002, dans des conditions absolument déplorables : contrairement aux sondages et aux confiantes opinions de chacun d'entre nous, Jacques Chirac n'a pas affronté Lionel Jospin, le candidat du PS de l'époque, au deuxième tour. Eh non... Lionel Jospin a été ejecté par l'indéboulonnable chef du Front National, un parti d'extrême droite, que j'évoquerai plus en détails dans un prochain article. Ohhh ! Mais quelle horreur !!! Je t'avais bien dit que tu allais déchanter... Et encore : tu ne l'as pas vécu en direct ! Moi, Mirabelle, je votais pour la première fois à l'époque, et crois-moi, une telle expérience, cela te forge une certaine idée de la politique. Je veux bien te croire, ma pauvre petite !
Suite à son échec, le soir-même des résultats du premier tour, humilié comme il était par cette victoire du Front National sur les idées humanistes du Parti Socialiste, Lionel Jospin intervient, devant caméras, micros et militants de son parti :
J'étais devant la télévision ce soir-là. Ma mère et moi avons poussé un cri, tout comme ces militants, effondrés en larmes, devant l'horreur d'une France transformée en monstre potentiel. Et aux journalistes de s'exclamer : "c'est incroyable, on ne s'attendait pas à une telle décision du leader de la gauche !". Je regardais ces gens qui pleuraient, qui criaient, et je voyais toutes ces belles idées d'égalité, de fraternité, de liberté, s'envoler en fumée, anéanties, brisées par des résultats aux antipodes du pays des Droits de l'Homme. Il ne faisait pas bon être français, ce soir-là, tu sais, Victor...
Lionel Jospin s'est donc retiré de la vie politique...
Pour un temps !
Et ma foi, le voilà qui revient ! Et je lui en veux. Je lui en veux car la première qualité d'un homme politique, il me semble, est de respecter ses engagements. Et de se remettre en question, lors d'un échec, ce qu'il n'a pas fait : sa campagne présidientielle a pourtant été, à mes yeux, une lamentable succession de déclarations contradictoires, enchaînant boulette sur boulette, et utilisant les pires stéréotypes pour se rattraper, comme la fameuse veste rouge de son épouse. Je suis un peu noyé, moi, dans tout ça ! Je sais, il faut l'avoir vécu pour le comprendre. Je trouvais cependant que cela méritait d'être dit, et j'approndirai un de ces jours, si nous en avons l'occasion. Je l'espère ! Car tu sais combien j'aime la politique !
Lionel revient donc !
Il écrit un livre, donne son avis sur les sujets "chauds" du moment dans les plus grands quotidiens de France, et comme par hasard, "fait un petit tour du côté du parti socialiste" de plus en plus fréquemment, alors que (tiens, comme c'est drôle une telle coïncidence !) tous les leaders du parti se bouffent la rate afin de trouver LE candidat convenable pour les prochaines présidentielles ! Il semble donc bien loin, ce retrait de la vie politique...
Et cela m'énerve, Victor, à un point que tu ne peux pas imaginer...
Alors, s'il compte revenir, mais vraiment revenir et se la jouer "sauveur de la gauche" alors qu'il est parti responsable du fiasco des présidentielles... Voilà ce que je lui dirai : Allez, Yoyo, viens prendre ta deuxième claque ! On t'attend de pied ferme !