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Cher lecteur,

Exceptionnellement, nous nous adresserons à toi directement : ce site n'est en aucun cas une biographie de Victor Hugo. Alors si tu pensais trouver ici la vie de notre Totor national en long, en large, et en travers, passe ton chemin !

 

Pour bien comprendre les propos de nos deux protagonistes :

1° Des caractères gras de couleur bleue quand Victor s'adresse à Mirabelle

2° Une police des plus classiques quand Mirabelle s'adresse à Victor

 

Sur ce, bonne lecture !

 

Un Mot Au Vol ?

Papotage ArchivÉ

Opinion


Et si vous nous faisiez part de votre opinion ?

Victor mène l'enquête.

Parce que Mirabelle se le demande !




personnes ont écouté la conversation entre Mirabelle et Victor depuis leur rencontre.


Aujourd'hui, à :

il y a personne(s) qui papote(nt) avec Mirabelle et Victor.


La requête de Victor :

  • Parce que Mirabelle et moi-même aimons beaucoup de gens... Allez donc jeter un coup d'oeil à notre tour de tables !
 

Nos recommandations :

  • Un clic et vous y êtes... Si vous souhaitez quelques conseils pour guider votre lecture, bien entendu !



Lexique IUFMesque à l'usage des non-initiés :

  • Mirabelle, dans son infinie bonté, a daigné me proposer (ainsi qu'à toi, ô lecteur non affilié à l'Education Nationale !) un lexique de rattrapage, sensé me donner les repères indispensables à la compréhension de deux rubriques.


2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 02:21

Mon cher Victor,

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Allez, revenons à l'essence de ce blog : l'Ecoooole !  Aaaah ! A force d'écouter, au choix, tes jérémiades  de petite amie bafouée et ou tes  futilités de célibataire toute neuve, j'en avais oublié que tu étais  institutrice ! Toi qui disais que j'étais trop centrée là-dessus... Tu ne manques pas de toupet !!! Hihihi ! Tu grimpes à l'échelle tout de suite !  Tu sais comment je suis...

Un sujet qui me trotte dans la tête en ce moment de par quelques petites ennuis que j'ai connus à l'école à cause de cela : les notes ! Les notes ? Oui. Ou plutôt : comment évaluer ? Pour le premier trimestre, j'avais prévenu les parents à la réunion : je ne mettrai pas de notes, du moins pas de notes chiffrées. Et pourquoi donc un tel choix ? Je déteste la compétition et le classement qu'on opère, plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement, entre les enfants... Tu oublies que les enfants, eux-mêmes, entretiennent ce classement ! Oui, c'est vrai. Bon. C'est qu'ils sont féroces, à cet âge là...

J'avais donc dit que je noterai sous forme de lettres pour instaurer un climat de travail agréable en cette première partie de l'année. Bon. Volonté quelque peu idéaliste, j'ai eu tôt fait de m'en rendre compte, puisque les enfants trouvent toujours le moyen de comparer leurs notes, surtout si, comme moi, on fait la bêtise d'affubler les lettres de + ou de - pour signifier que telle ou telle notion est plus ou moins bien acquise. En résumé, cela n'évite pas du tout le phénomène si bien connu des instits' et si bien connu de chacun d'entre nous, qui avons tous été un élève, j'entends le phénomène du : "T'aaaaaaaaaaas coooooombiiiiiiiiiiiien ???????". Ce beau principe est donc difficilement tenable. Pourtant, je l'ai défendu au mieux tout au long de ce premier trimestre.

Jusqu'à ce fameux jour où un père est venu se plaindre à moi de mon système de notation. Bon. Son gamin "a besoin de notes, ça le booste", "dans le bulletin, il n'y a que des appréciations" et "Toutes les maîtresses donnent des notes". Bon. Avec toute la diplômatie dont je suis capable, j'ai tenté d'expliquer à ce monsieur que les notes n'étaient pas obligatoires et que contrairement à ce qu'il affirmait, toutes les maîtresses ne mettaient pas de notes, pour la simple raison que notre liberté pédagogique nous donne le droit de choisir le système qui nous convient le mieux.  J'ai également précisé que les lettres étaient en soi une notation et que tout était expliqué dans le bulletin. Bon. A vrai dire, il ne me semble pas qu'il m'ait vraiment écoutée, d'autant plus qu'il a été faire un scandale à la directrice par la suite, allant jusqu'à proférer des menaces : "Cela va monter très haut !". Oh mazette... Voici ta carrière en péril !

A la pause de midi, j'en parle aux collègues. L'instit' de CM2 a l'air bien embêté pour moi : "Au début, je faisais comme toi. J'appliquais ce qu'on nous avait appris, je ne mettais pas de notes. Sauf que c'est bien joli, tout ça, mais les parents, ils en veulent des notes. C'est difficile à comprendre pour un Inspecteur... En théorie, nous sommes dans notre droit, bien sûr, car la hiérarchie nous déconseille de mettre des notes chiffrées, donc à la limite, tu vois, l'Inspection va totalement approuver ton choix. Mais enfin... Quand tu te retrouves avec un tout un tas de parents sur le dos, qui ne jurent que par la note, la note, la note... Il y a un moment où tu penses aussi à faire ton boulot dans les meilleures conditions possibles... Et là, tu mets des notes chiffrées, quitte à déplaire à l'Inspecteur !".

Mon dieu, mon dieu... Et ce père a appelé l'Inspection ? Je n'en sais fichtrement rien et à vrai dire, je ne me fais pas du tout de souci. Je n'ai rien à me reprocher. Je fais mon boulot du mieux que je peux. Non, à vrai dire, ce n'était pas vraiment sur les menaces que je souhaitais attirer ton attention, Victor, mais sur ce satané problème de notes.

Que faire ? On nous a dit, à l'IUFM, que mettre des notes chiffrées, "c'est mal". Sauf qu'on a omis de nous préciser, comme dans la formation en général, que les parents font de plus en plus partie de l'école, et que bien faire son métier, aujourd'hui, c'est aussi bien tenir compte d'eux. Ah, ça, ce n'est pas une nouveauté... Combien de fois t'ai-je entendu dire ici, Mirabelle, que la relation aux parents étaient totalement éclipsée lors de votre formation ? Oh, je ne les compte plus ! Toujours est-il que cette histoire de notes, ça me turlupine beaucoup. Cela me fascine presque de constater combien certains parents sont obnubilés par la note. Pourtant, par la note, on tend à montrer si une compétence est acquise ou non. C'est aussi le but des A, des B, C et D que j'ai choisis d'adopter. N'est-ce pas là l'important ?

Bref. Je pensais de toute façon changer mon système pour le deuxième trimestre. Les gamins vont être ravis ("Maîîîîîtresse, pourquoi vous mettez pas de notes ? Avec notre maîtresse de l'année dernière, on avait des notes !!!") et les parents aussi, même si je ne le change pas pour faire plaisir aux parents. J'ai bien envie de mettre des points rouges et des points verts, qu'est-ce que tu en dis ? Eh bien, Mirabelle, si tu veux vraiment savoir ce que j'en pense... Ehm... Tu penses vraiment que c'est la meilleure solution ? Je te charrie, Victor !!! Alors tu vas mettre des notes chiffrées ? Oui. Je me dois de regarder la vérité en face : mon histoire de lettres, c'est la compétition aussi. Adapte, Mirabelle, adapte ! Ce n'est rien d'autre que ton métier !!

Enfin bon, moi, ce que j'en dis surtout, c'est que l'époque où les enfants ne travaillaient que pour avoir des bonnes notes, et non pour acquérir des connaissances n'est pas terminée, malheureusement... C'est tout un rapport au travail, à la récompense, que l'on devine en dessous de tout cela. C'est la façon dont on envisage le rôle de l'Ecole qui est en jeu. Transmettre des connaissances (rrra, j'ai dit "transmettre", qui renvoie à "transmissif", mot à bannir !!!), faire en sorte que les enfants aient acquis des compétences, c'est mon boulot. Les parents ne devraient voir que le résultat : que leur gamin sache ou non lire un texte et le comprendre, qu'il sache ou non faire une multiplication à deux chiffres etc. Peu importe la manière dont on exprime ce résultat, pourvu qu'il traduise une compétence.

Ce qui me gêne, moi, dans tout ça, c'est qu'on est en train de cantonner les gamins dans une sorte de culture de la note. Ils vont bosser pour la note, sans voir ce qu'il y a derrière. Sans voir ce qu'est sensée révéler la note. Ils vont pleurer parce qu'ils ont un B (c'est en partie pour cela que j'estime que mon grand principe est intenable) et parce qu'un B c'est moins bien qu'un A. Or, d'habitude, ils ont des A, d'où les larmes. Et on aura beau leur expliquer que B, cela veut dire que "c'est bien", qu'il ne faut pas dramatiser les notes, beaucoup d'élèves resteront bloqués là-dessus.Et cela commence de plus en plus tôt ! Et toi, tu es en train de baisser les bras... Non. Je reconnais juste qu'il est difficile de changer les mentalités quand, depuis longtemps, les élèves sont conditionnés par la note. Parfait. Alors tu sais ce qu'il te reste à faire ? Non. Tu n'as plus qu'à aller exercer en Angleterre. Là, au moins, avec tes histoires de lettres, tu seras dans la norme !

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20 décembre 2007 4 20 /12 /décembre /2007 20:58

Mon cher Victor,undefined

Ce matin, confection des crackers de Noël, que nous enverrons à une autre classe (d'une de mes cops' T1). Gontrand (mais oui, ta mémoire est bonne, c'est le fameux CE2...), complètement dépassé par les évènements (il peine à envelopper un rouleau de sopalin d'une bande de papier crépon et lutte avec son tube de colle immonde...), fronce les sourcils et s'exclame :
"Mais Maîtresse, je ne sais pas comment faire, moi... Je n'en ai jamais fait des Snickers !"

 

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6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 01:51
Mon cher Victor,

Juste parce qu'il y a des moments où c'est très très dur et  que ça fait du  bien, dans ces cas-là... Cadeaux d'une élève de CM1 , qui, d'après sa maman, a retrouvé le goût de l'école grâce à moi. Vus les dessins, je la crois volontiers ! Et cela me donne le courage... Ca vaut la peine de se décarcasser : il y a des instants, comme ça, où l'on se dit qu'on est utile et qu'on peut vraiment les aider, ces gamins !

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Bien sûr, cela ne règle pas les problèmes. Bien sûr, la gamine a de grosses difficultés qui ne s'effaceront pas du jour au lendemain, et je doute qu'un jour elle excelle à l'école. MAIS elle a repris confiance et semble avoir compris qu'une maîtresse ne criait pas forcément tout le temps, qu'on pouvait lui parler et qu'elle pouvait même (si si !) faire de l'humour et rire avec ses élèves ! Elle ne va plus à l'école à reculons et prend plaisir à être en classe. J'en suis fière et ne compte pas m'arrêter en si bon chemin !!

[PS : Bien sûr, la maîtresse, c'est bien moi. Ceux qui me connaissent auront reconnu mes splendides lunettes !]

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5 décembre 2007 3 05 /12 /décembre /2007 01:11
Mon cher Victor,
banlieue.jpg

Bonjour, Mirabelle, bonjour... Il y avait longtemps ! Comment vas-tu ? Très bien, ma foi !  Que diable s'est-il passé de neuf sur ta planète ?  Nous ne parlerons que de la planète enseignante, si tu veux bien. Tu sais que c'est celle qui occupe toutes mes pensées... Oui, et cela devient inquiétant : désormais, rares sont les fois où tu daignes me gratifier d'un sujet personnel ou centré sur l'actualité, sur tes petites pensées quotidiennes ... Maintenant, il n'y en a plus que pour ça ! Tu sais, Mirabelle, la vie ne tourne pas autour du travail ! On travaille pour vivre mais on ne vit pas pour travailler ! Tiens, tu as vu ma maman ? Non, pourquoi ? Parce qu'elle me  répète ça depuis plusieurs jours ! C'est qu'elle et moi sommes dans le vrai, alors ! Tu travailles trop, Mirabelle ! Ce n'est pas bon !


Bref. Je n'étais à l'origine pas venue pour me faire enguirlander, donc laisse moi embrayer sur un autre sujet, s'il te plaît ! Bien, bien, bien... De toute façon, j'ai dit ce que j'avais à dire ! Parfait. Alors, hier matin, comme tous les matins, en arrivant en classe, nous faisons le "mot du jour". Qu'est-ce que c'est que cette  affaire ? Oh, tu as bien dû en entendre parler sur les blogs d'autres instits', j'ai notamment le souvenir d'un article chez P'tite maikress. Peut être, peut être... Je perds la tête, ma pauvre petite fille ! C'est un calendrier avec, chaque jour, un mot nouveau à deviner. Ca permet d'enrichir le vocabulaire sans en avoir l'air, et en s'amusant !

Hier matin, donc, les élèves devaient deviner ce que signifie le mot "Banlieue". Et c'est... Edifiant. Révélateur. Juge plutôt :

Oriane, CM1 : "C'est un endroit où il y a beaucoup de bruit ?"
Julie, CE2 : "C'est un endroit où on crie beaucoup ?"
François, CM1 : "C'est un endroit où il y a des gens qui se révoltent ?"


C'est que les reportages à la télévision, à la radio, les images choc, les articles dans les journaux, ça tourne dans leurs petites têtes !!! J'imagine que cela ne correspondait pas à la définition de ton calendrier ! Non. J'ai d'ailleurs vu des tas de paires d'yeux incrédules quand j'ai fini par dire, avec une pointe de tristesse, qu'en fait, la banlieue, c'était tout un tas de petites villes autour d'une grande ville. Tu n'en as pas profité, justement, pour demander d'où leur venaient de telles images ? Cela m'a frôlé l'esprit mais comment dire... C'est délicat. C'est un sujet très politique, au fond... A ta place, j'en aurais profité ! J'aurais bien aimé voir comment tu aurais tourné la chose, toi !
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27 novembre 2007 2 27 /11 /novembre /2007 01:50
Mon cher Victor,

Ce matin, 10 h 30. Alors que je m'esquinte les doigts sur la fermeture-éclair du blouson d'une de mes élèves...

- Maîîîîîîîtreeeesse !!!!! Où est-ce qu'ils sont mes Pokémoooon ???
- Dans la chambre.
Air éberlué de Gontrand (comme on le retrouve !) :
"Hein ?"
- Euh... Dans la classe !
Et moi qui rigole toute seule... On m'avait dit que beaucoup d'instit' parlaient de "chambre" pour désigner leur classe. Je le crois volontiers.
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25 novembre 2007 7 25 /11 /novembre /2007 01:38

Mon cher Victor, En ce dimanche de labeur, je te propose d'évoquer un de ces petits détails qui font que la vie d'instit' est parfois extraordinaire. Je ne suis, comme tu le sais, qu'en début de carrière. Pourtant, certaines incongruités me laissent imaginer avec perplexité les surprises que me réservent mes années d'enseignement à venir. Tiens, tiens, tiens...

Samedi matin. Il est 8 h 50. Je suis de service, et encore à demi-ensomeillée. Une CP vient me chercher : "Maîîîîîîîtreeeesse ! Maîîîîîîtreeeeesse !". Je m'attends, comme d'habitude, à (collègues, cochez la réponse qui vous rappelle quelque chose...) : a) "Iiiiiii m'a donné un cooooup de piééééé !" b) "Eh ben les garçons là-bas ils jouent au pied alors que c'est interdiiiit !" c) "Lui là bas, eh ben, eh ben, iiii m'a dit un groos moooot !". Mais non... Rien de tout cela !

"Maîîîîîîtresse !!! Y a une culotte dans la cour !!!!"

Hein ? Une culotte dans la cour !!!! On pointe du doigt un bout de tissu blanc que je distingue, de loin, sur le grisâtre goudron de la cour. Allons, allons... Je pars à la découverte de ce bout de tissu blanc. Effectivement, après inspection, c'est bien une petite culotte. Une culotte miniscule : format CP ! J'interroge les gamins : à qui donc est cette petite culotte ? Bien sûr, je n'obtiens aucune réponse, juste des "C'est pas à mooooi !", "C'est pas à moi, Maîtresse, je te le juuuuure !"... Je m'en vais rapidement la déposer dans le bac "vêtements trouvés", soudain très très réveillée et assez amusée par ce drôle d'évènement en me disant que cela fera une petite anecdote croustillante à te raconter. Effectivement, c'est assez amusant ! Mais ce n'est pas terminé !

10 h 45. Après la récréation, je fais rentrer les gamins en classe. Elodie vient me voir : "Maîtresse, y a une culotte sur le bureau d'Eloïse !". Fouillant sur mon bureau à la recherche de mes photocopies, je ne prête qu'une attention minimale à cet étrange caftage (que les gamins aiment se dénoncer les uns les autres, mon dieu...). La fameuse Eloïse prend place et alors que je lève le nez de mon cahier-journal, je la vois brandir une petite culotte rose sous le nez de ses camarades, le sourire jusqu'aux oreilles, tel un trophée. On aura tout vu ! Bien sûr, je demande à cette charmante enfant ce que vient faire cette petite culotte, dans le cadre de la classe et la môme me répond, fièrement, que c'est la sienne, tombée de son cartable. Avec toute la diplômatie et le sang-froid qu'on me connaît, je la prie de ranger prestement cette chose avant que je ne me fâche tout rouge.

Si j'avais imaginé qu'un jour je serais été obligée de faire remarquer, à une classe de CE2-CM1, qu'on ne montre pas ainsi ses petites culottes, j'en aurais perdu le souffle ! Non mais vraiment ! C'est fou, ça ! Et je n'en suis encore qu'au début de ma carrière...


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19 novembre 2007 1 19 /11 /novembre /2007 19:10
Mon cher Victor, cielbleu.jpg
D'abord,  spéciale dédicace à ma marraine, qui vient de s'apercevoir (il était temps !), suite à une inspection tout à fait réussie, qu'elle était une bonne maîtresse. Alleluïa ! Bravo Mademoiselle Eddie ! Je suis, bien évidemment, ravie  pour elle, et n'ai à aucun moment douté de ses talents d'enseignante. 

Bon. A mon échelle, pas d'inspection. Je ne suis qu'en T1 et l'avantage de la première année d'enseignement (parce qu'il faut bien qu'il y en ait, vues les larmes que l'on verse et les heures passées à suer sur les fiches de prep'...), c'est qu'on nous fout la paix. Bon. Pendant la PE2, nous sommes très très suivis et c'est vrai que cela fait drôle d'être largué dans une classe, avec en tête ce doute insupportable : "Est ce que ce que je fais est bien ?". C'est pourquoi des conseillers pédagogiques nous visitent autant que possible pendant cette année charnière. Et crois-moi, Victor, ce n'est pas de trop ! Parce qu'une petite partie de moi est encore maîtresse stagiaire, même si une autre partie s'affirme, prend sa place, et rentre le soir chez elle en se disant qu'elle est heureuse du boulot accompli. Cette part parvient même, maintenant, à mettre des mots dans le cahier de liaison pour demander à rencontrer les parents d'un gamin insupportable. Ce qui est un sacré progrès quand on se remémore la PE2 peureuse et stressée que j'étais à l'époque de mon troisième stage.

Bref. Ce matin, donc, à 9 h, on toque à ma porte. C'est ma conseillère pédagogique. Réputée douce et sympa. Je sais, en théorie, que je n'ai rien à craindre : j'ai mis des choses en place avec les gosses, je bosse jusque tard le soir, je fais des fiches de séquences, j'ai des programmations, des progressions, j'aime les gamins. En résumé, je suis une maîtresse concernée. Malgré tous les moments de doute, de panique, de fatigue, je le sais : j'aime mon métier. Je me donne, à fond. Au grand damn de mon Mystérieux Inconnu. Tiens, cela faisait longtemps que l'on en avait pas entendu parler de celui-là... Bref. Vas-tu m'écouter ? On toque à ma porte. Elle apparaît, blonde et délicieuse, et je me dis que j'aurais bien aimé lui ressembler. Je lui fais part de mon état d'esprit, de mes difficultés, aussi, avant même de commencer ma journée, histoire de la préparer à l'immense cataclysme qu'est la prise de classe selon Mirabelle. Pfff...

Alors... Je ne vais pas te raconter ma matinée en détails, ce serait trop long... En résumé : il me semble que j'ai produit la matinée la plus FOIREUSE depuis le début de l'année. Je ne me suis jamais sentie aussi angoissée. Aussi stressée. Peut être parce que je n'ai plus l'habitude d'être observée. Peut être parce que je n'ai plus la pression des validations. Peut être parce que je sais que maintenant, je suis vraiment maîtresse, et qu'on ne rigole pas avec ça. Enfin bon. Je n'avais plus de salive. J'avais l'impression d'enchaîner connerie sur connerie. Conscience de faire exactement ce qu'il ne faut pas faire. Correction d'évaluations de conjugaison pas brillantes. Se remettre en question. Quasiment sous les yeux de la conseillère. La voir froncer les sourcils sur mes prep'. Me dire : "Oh mon dieu, mes prep' sont tellement merdiques, ça ne m'étonne pas...".

Enfin, 10 h 30. Récréation. Je souffle, parce que les élèves ne me posent plus de questions pièges ("Maîîîîîtresse, je comprends pas la consiiiiiigne !!!!"), mais j'appréhende, parce que c'est le moment des conseils, du "ce que je pense de ta pratique de maîtresse". Bon. Je me prête au jeu volontiers. Parce que même si ça fait mal, j'ai besoin d'un oeil extérieur pour me dire ce qui pêche. Et ce qui pêche...

"Ce que j'ai vu, globalement, Mirabelle... C'est que c'était trop transmissif. Je te rassure tout de suite : c'est souvent ce qu'on peut constater, chez beaucoup de T1."

Je ne suis pas surprise. En pleine correction des exercices sur les types de phrases, je me suis vue, moi, en tant que spectatrice. Je dirige tout. Je dis tout. Parce que je veux que ça avance. Alors qu'en fait, plus on en dit, moins ça avance, et moins il y a de réel apprentissage dans leur petite caboche. Nous décortiquons la séance. Elle me donne des idées. Dans un total respect. Quand on dit que les visites de conseillers péda' sont des "conseils", je t'assure, Victor, que ce n'est pas un vain mot. C'est vrai. Il y a du respect, je le répète, et de la diplômatie. Du positif. De l'accompagnement. Et de la compréhension. Ses critiques, je les prends bien, parce qu'à aucun moment je ne perçois ce côté donneur-de-leçon, cette condescendance que j'avais discernée chez certains IMF.

"Bon. Il faut vraiment que tu te concentres là-dessus. Pour que les enfants soient plus actifs. Parce que tu as de gros acquis. Les enfants sont bien, en confiance. Tu les cadres. Ils savent ce qu'ils ont à faire. C'est très bien. Ce que j'ai beaucoup aimé, aussi, dans ta pratique, c'est que tu les fais lire. Vraiment. En insistant sur le sens. C'est important. Et bizarrement, cela se voit de moins en moins dans les classes, parce qu'inconsciemment, on a tendance à considérer que la lecture c'est cycle 2. Alors que cela se prolonge tout au long du cycle 3. Ca, c'était très bien."

Les "gros acquis" clignotent dans ma tête. Le poids qui écrasait mes épaules s'évanouit soudain. Je me dis que je vaux quelque chose. Bien sûr, ce n'est pas une inspection. Mais tout de même, cela fait tellement de bien ! Nous discutons, discutons, discutons, et convenons d'une date pour nous revoir en janvier. Elle m'aidera à monter des séances où les mômes seront plus actifs. Elle s'en va. Je vais acheter ma bouffe au C********t, j'ai des ailes et j'adore mon métier.
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17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 01:51
Mon cher Victor,soleil.gif


Ce matin, alors que je mourais de froid en surveillant la récréation ("Maaaaîtresse, Jordâân iiiii m'a tapéééé !!"), une gamine est venue illuminer ma journée. Encore des compliments de tes élèves ? Même pas. La gosse n'est pas dans ma classe. D'un air mi-timide mi-admiratif, elle se plante sous mon nez :
"T'es belle !".
Contrairement à mes élèves, que je soupçonne parfois d'utiliser le stratagème du cirage de pompes de maîtresse pour se faire pardonner leur comportement bavard (et pour lever la menace qui plane au-dessus de leur tête : "Donne moi ton cahier de liaison que je me mette un mot à Papa et Maman !"), avec cette enfant, c'est gratuit. Sans calcul, ni arrière pensée. Et c'est encore mieux.
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15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 21:57
Mon cher Victor,

Parce que ce sont les seuls qui me perçoivent ainsi... Parce qu'ils ont vu mon manteau rouge, mon jean indémodable, le maquillage sur mes yeux, mes boots à talons, jusqu'au sac à dos sur mes épaules. Parce qu'ils m'ont représentée avec le sourire. Parce que je me trouve belle, moi, sur ce dessin...


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Par contre, j'ignorais que mes CM1 en étaient déjà aux nombres relatifs !
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13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 01:12

Mon cher  Victor,

staracademy.jpg
Cet après-midi, 16 h 20. Nous rentrons du gymnase et j'annonce, avec un plaisir non dissimulé, que pour  les quinze minutes qui nous restent, nous allons chaaaaaanter ! Tu connais, Victor, ma passion pour le chant. Eh bien... Moins que tu ne sembles le penser ! Tu ne m'as , au fond, que très peu parlé de ton expérience de chanteuse amateur  ! C'est vrai. C'est un chapitre de ma vie qui, pourtant, me tient profondément à coeur :  je rêve encore, parfois, de monter sur scène... Quand je ne croule pas sous les fiches de séquence et les corrections de cahiers du jour  ! Bref.

Cet après-midi, donc, j'entreprends  d'apprendre aux élèves le  refrain de la chanson "Rame" d'Alain Souchon, dans le but d'en faire un canon.
Campée devant le tableau, scrutée par vingt-cinq paires d'yeux, je retrouve une sensation qui, je m'en aperçois, m'avait manqué : celle de chanter devant un public. Sauf que le public en question n'est pas une masse noire, à peine éclairée, dont je ne discerne pas les visages, mais ma classe, mes élèves à moi, mes CE2-CM1, que j'aime. Je retrouve tout. Ce trac. Cette boule au ventre. Cette excitation. Vont-il aimer ?

Enfin, je me lance. En les regardant. Je vois des yeux scintiller. Je vois des sourires. J'entends des "oh". Je me sens bien. Ils ont la bouche grande ouverte, le coeur aussi. Quand je me tais, Lorie lève la main :

"Maîtresse, ce n'est pas maîtresse que vous auriez dû faire... C'est la Nouvelle Star !"
. Puis il y a des "oui" murmurés, plein d'admiration. Des sourires jusqu'aux oreilles. Et toujours les étincelles dans les yeux. Ondine, d'un ton suppliant, me demande : "Dites, Maîtresse, vous voulez bien la rechanter ? C'était beau !". J'acquiesce avec un sourire, en précisant que bien sûr ils devront bien m'écouter pour mémoriser la mélodie, puisque nous l'apprendrons. Après tout, mon métier est maîtresse, pas chanteuse. Et même si j'adorerais un jour chanter mes textes, j'aime aussi éveiller chez mes mômes le goût d'apprendre. Ce qui tombe bien puisque c'est ton métier ! Tout à fait !

Quand j'ai terminé de chanter le refrain, Gontrand me gratifie d'un "Maîtresse, qu'est-ce que vous chantez bien !", émis dans un souffle. Je me sens rougir de plaisir. Le mot "Star Ac'" est sur toutes les lèvres... On en revient toujours aux mêmes ! Je me retiens de dire aux gosses ce que je pense de ce programme qui gomme toutes les spécificités artistiques des candidats, et tourne ma langue sept fois avant d'avouer qu'il faut être bien débile pour participer à cette émission. Néanmoins, je souris intérieurement : l'allusion à ce jeu de télé-réalité me rappelle la réflexion d'une gamine de centre aéré qui m'avait dit, alors que, en tant qu'animatrice, j'avais chanté je ne sais plus quel titre à la mode : "Mirabelle, tu chantes trop bien ! On dirait Jenifer !"

Bref. Après quelques onomatopées pour favoriser l'apprentissage, nous parvenons à un résultat à peu près acceptable concernant la mémorisation de la mélodie. Il est 16 h 30. Avant de sortir de classe, alors que je suis, comme à mon habitude, la main sur la clanche, collant la porte, disant au revoir à mes élèves avec mon beau sourire de maîtresse épanouie, Lorie me lance :

"Ah ! Maîtresse ! Maîtresse ! Quand je vais dire à ma maman que ma maîtresse est chanteuse !"

Et la voilà qui sort de la classe en souriant. Ce sourire est tout ce dont j'ai besoin pour terminer ma journée de bonne humeur.


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